C’est un soulagement. Lundi 15 novembre, le journaliste Danny Fenster a été libéré après six mois de détention dans les geôles birmanes, raconte L’Obs. L’Américain de 37 ans a été “gracié pour des raisons humanitaires” à la suite de négociations avec l’ex-diplomate américain Bill Richardson et deux émissaires japonais, a précisé le service de communication du régime. Un peu plus tôt, le bureau de Bill Richardson avait évoqué “des négociations en tête à tête” avec le chef de la junte et homme fort de la Birmanie, Min Aung Hlaing.

La veille de sa libération et de son expulsion, il devait comparaitre devant un tribunal pour terrorisme et sédition. Le rédacteur en chef de “Frontier Myanmar”, l’un des principaux organes de presse indépendants du pays, risquait l’incarcération à vie. Déjà, la semaine dernière, il avait été condamné à onze ans de prison. C’est en mai dernier qu’il avait été arrêté par les autorités birmanes : il tentait alors de quitter le pays. Le reporter était depuis détenu dans la prison d’Insein, près de Rangoun, avec de nombreux prisonniers politiques.

Il a craint ne jamais pouvoir sortir de prison

Sur une photo postée lundi 15 novembre sur Twitter par Bill Richardson, Danny Fenster, fortement amaigri et les cheveux longs, accoutré d’un short et portant des tongs aux pieds, se tient aux côtés de l’ancien diplomate, devant un avion, sur le tarmac de Naypidaw, la capitale birmane. “Il est fort probable qu’on ait tout de même poliment expliqué à la junte que garder des citoyens américains en otage était une très mauvaise idée”, avance Richard Horsey du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG), cité par France 24.

En escale à Doha avant de rentrer aux États-Unis, relate L’Express, Danny Fenster s’est exprimé lors d’une conférence de presse : “J’ai été arrêté et détenu sans raison. Mais physiquement j’étais en bonne santé. Je n’étais ni affamé ni battu”, a-t-il assuré. “Je me sens bien physiquement. Ce sont les mêmes privations que celles qui accompagnent toute forme d’incarcération. On devient juste un peu dingue”, a ajouté le journaliste. Il a cependant craint ne jamais pouvoir sortir de prison : “Plus ça traîne, plus on s’inquiète que ça ne s’arrête jamais. Donc c’est le principal souci, juste rester sain d’esprit en traversant tout ça.”

Plus de 1200 civils tués

Sa famille est évidemment soulagée : “Nous sommes ravis que Danny ait été libéré et soit en train de rentrer.” Elle a remercié, au passage, “tous ceux qui ont contribué à sa libération.” “C’est une merveilleuse nouvelle pour tous ses amis et sa famille”, a déclaré à l’AFP son collègue Andrew Nachemson de “Frontier Myanmar”, regrettant qu’il “n’aurait jamais dû passer six mois en prison” et demandant à ce que “tous les journalistes locaux qui restent emprisonnés (soient) également libérés immédiatement.” D’ailleurs, le département d’État américain s’est, lui aussi, réjoui de la nouvelle, réitérant son “appel à la libération des autres prisonniers injustement détenus en Birmanie.”

Depuis le 1er février et le putsch militaire qui a renversé la dirigeante Aung San Suu Kyi, la Birmanie est en proie au chaos. La presse est bâillonnée et plus de 100 journalistes ont été arrêtés, d’après Reporting ASEAN, une association de défense des droits : 31 se trouvent encore en détention. Plus de 1200 civils ont été tués, selon l’Association d’Assistance aux Prisonniers politiques (AAPP), une ONG locale qui recense des cas de tortures, de viols et d’exécutions extrajudiciaires.