Les propos incitant au viol et à la torture de Jaïr Bolsonaro au Brésil, la remise en question de la liberté de la presse pour Donald Trump aux États-Unis… Outre Atlantique, les bonnes nouvelles sont loin, quant à la Bonne Nouvelle… on la cherche !

Alors pour quelles raisons, des Églises évangéliques et des pasteurs veulent-ils soutenir la politique de Trump et de Bolsonaro ? Paula White, télévangéliste parmi les plus inf luentes aux USA, dira que sa rencontre avec le milliardaire portait la marque du Saint-Esprit. Précisant à ses auditeurs et fidèles que ceux qui s’opposent au nouveau président revient à repousser la main du Seigneur. Le pasteur Billy Graham a dit qu’il croyait que c’est Dieu qui a placé Donald Trump à la Maison Blanche. Quant à Robert Jeffress, pasteur de First Baptist Church de Dallas, lorsqu’on lui demande à la radio les raisons qui l’ont poussé à choisir un candidat accusé d’harcèlement sexuel, rétorque : quand on veut défendre une nation, on choisit le plus dur et le plus méchant des salopards.

Quant aux urnes, sur l’ensemble du territoire américain, 81 % des évangéliques ont voté pour Donald Trump. Concernant le Brésil, un pasteur de l’Assemblée de Dieu, Silas Malafaïa, très médiatisé, déclarait au journal de France 2, juste avant les élections, que Jaïr Bolsonaro est le seul candidat qui peut défendre les valeurs de l’Église: interdiction de l’avortement, créationnisme, climato-scepticisme. Ces attitudes répétées, dans des contextes historiques, politiques très différents, nous interpellent. L’essor spirituel de ces Églises doit-il justifier l’essor de ces soutiens politiques ? Quelles interpellations bibliques pouvons-nous donner pour faire sens ?

Faire vivre le dialogue

Nous le voyons jusque sur notre territoire français, l’interdiction ou le fait de rendre tabous les votes extrêmes ne suffit plus. Comme l’écrit l’apôtre Paul aux Éphésiens : il ne faut pas combattre des hommes mais des idées ! Les Écritures ne sont pas, de fait, populistes, elles sont le fruit d’une littérature née sous oppression autoritaire. La Bible peut nous aider à dé-mythologiser plusieurs points. C’est-à-dire, par exemple, à questionner l’idée d’élection, de pays promis, présente dans l’Ancien Testament. Aujourd’hui ces exemples sont souvent absolutisés par les Églises évangéliques.

Selon eux, la restauration pleine et entière d’Israël passe par celle de sa capitale Jérusalem, le lieu du retour du Christ sur terre à la fin des temps. La pluralité a été canonisée, elle est déjà là, il n’y a pas une seule manière de dire le peuple hébreu, ce lien à la terre promise. Pensons au livre de Deutéronome 7 : tout au long de ce chapitre, il y a une nationalisation de YHWH qui est faite.

Puis, si nous lisons 2 Rois 5.17-19, on apprend qu’Aram devient le lieu possible d’une manifestation divine grâce à Naaman. Les positions évoquées ci-dessus sont très différentes : d’un Dieu national à un Dieu qui exprime sa présence en terre étrangère. Que fait-on de notre passé? Sommes-nous capables aujourd’hui de ne pas nous arrêter à une position ? La Bible nous rappelle qu’il n’y a pas un discours normatif ! Ces textes sont là pour nous aider à créer des récits alternatifs aux récits unifiés des populistes. Nous ne pouvons nous arrêter à une position tranchée, morale, nous sommes appelés à faire vivre le dialogue, pour faire émerger la Parole de Dieu. Cela sera notre élan pour résister, mais aussi espérer que nos Églises agissent sur cet inexorable populisme.