Le rôle de la femme chez les protestants

Si de nos jours, aux yeux d’un protestant, voir une femme pasteur prêcher lors du culte paraît commun, ce n’était pas le cas du temps de Luther ou de Calvin. Même si dans la théologie protestante, rien n’interdisait en principe aux femmes de se faire entendre puisque, selon la doctrine du sacerdoce universel, « nous sommes tous prêtres, autant de chrétiens que nous sommes » (Luther, 1520).

Être à la fois femme et pasteur : est-ce possible ?

En France, la première femme pasteure se nomme Berthe Bertsch. Fille d’un pasteur luthérien en Alsace, diplômée de la Faculté de théologie protestante de Strasbourg, elle fut consacrée en 1930 au sein de l’Église réformée d’Alsace et de Lorraine. Par la suite, d’autres pionnières telles Madeleine Blocher-Saillans ou Geneviève Jonte ont suivi son chemin. Cette évolution trouve son explication dans le contexte historique de l’époque : lors de la Première guerre mondiale, des épouses de pasteurs mobilisés ou tués remplacèrent leur mari dans leurs fonctions. Mais dans les années 1920-1930, les femmes pasteures doivent rester célibataires et ne peuvent pas faire la Sainte Cène.

Le tournant des années soixante

Dans les années 1960, un cap est franchi. La clause du célibat est levée en 1968 pour l’Église réformée d’Alsace-Lorraine. En 1965,  l’Église réformée de France reconnaît « que les femmes peuvent être appelées, au même titre que les hommes, à exercer un ministère dans l’Église ». Pour autant, cette évolution ne se fit pas sans difficulté.

Par la suite, formées dans les facultés et par des stages, les femmes pasteures se font de plus en plus nombreuses. Du côté des églises évangéliques, la question du pastorat féminin dépend des courants. Depuis mai 2005, la Fédération des Églises baptistes reconnaît le ministère féminin, et laisse à la libre appréciation des communautés de nommer ou non des femmes dans cette responsabilité. Pour des raisons essentiellement  théologiques et herméneutiques, d’autres églises évangéliques membres de la Fédération protestante de France (FPF) n’ont pas de femmes pasteures.