Du revenu de solidarité active (RSA) aux sommets de la richesse, l’amplitude des revenus est immense en France. Pour mieux comprendre cette réalité, l’Observatoire des inégalités publie chaque année un rapport des inégalités en France. Anne Brunner, directrice des études de l’Observatoire, décrypte pour nous les enseignements de ce rapport. Celui-ci intègre l’échelle des revenus, qui permet de situer chaque Français dans la hiérarchie des revenus. Avant impôts et redistribution, la France est l’un des pays les plus inégalitaires parmi les pays riches, et ce, malgré l’attachement de la France à la solidarité.

Cette échelle a pour vocation de donner un ordre de grandeur et de montrer l’ampleur des écarts qu’il y a dans notre pays entre les plus pauvres et les plus riches.

La France est souvent perçue comme l’un des pays les plus égalitaires, mais les données de l’OCDE montrent qu’avant redistribution, elle est en réalité très inégalitaire, notamment en raison de revenus très élevés parmi les plus riches. Heureusement, grâce à son modèle de redistribution basé sur l’impôt sur le revenu et les aides sociales, la France parvient en partie à corriger ces inégalités.

Pour comprendre l’ampleur des inégalités, il est important d’identifier les extrêmes de l’échelle des revenus, des personnes les plus démunies aux plus riches en France.

Les plus bas niveaux de revenus se situent principalement chez les personnes bénéficiaires des minima sociaux les plus faibles, comme le RSA (Revenu de solidarité active), autour de 600 euros, un montant bien en dessous du seuil de pauvreté. Certains revenus sont encore plus bas, notamment l’allocation des demandeurs d’asile, tandis que certains étrangers récemment arrivés n’ont droit à aucune aide, ce qui fait que les revenus peuvent descendre encore plus bas, alors qu’à l’inverse, il n’existe pas de plafond supérieur. Après impôt, on est au milieu de la population avec 2 000 euros par mois, riche à partir de 4 000 euros, et les 1 % les plus aisés gagnent plus de 7 500 euros.

En France, le niveau de revenu à l’âge adulte reste largement déterminé par le milieu social, et l’école, reflet de ces inégalités, peine à les réduire.

Parmi les facteurs avec lesquels on naît, c’est la catégorie socio-professionnelle des parents, c’est-à-dire leur métier, qui influence le plus le salaire obtenu à l’âge adulte. Selon le milieu social d’origine, les chances de réussite scolaire sont très inégales, ce qui entraîne une reproduction des inégalités sociales. Malgré quelques exceptions, l’école ne parvient pas à compenser ces différences, et le milieu social se transmet d’une génération à l’autre.

Malgré cela, le tableau n’est pas tout noir, puisqu’on relève quelques bonnes nouvelles dans ce rapport, notamment concernant certains territoires défavorisés.

Le nombre de jeunes qui sortent de l’école sans diplôme diminue depuis plusieurs décennies et continue de diminuer. Donc, même du côté de l’école, il y a de bonnes nouvelles. Il y a également une bonne nouvelle du côté du chômage : depuis près de dix ans, celui-ci baisse de manière constante, particulièrement pour les catégories les plus vulnérables telles que les jeunes, les ouvriers et les habitants des quartiers prioritaires.
Leur situation s’améliore sur le marché de l’emploi, avec une baisse du chômage plus rapide que pour le reste de la population.

Un podcast de Phare FM.