Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2025 fait polémique. Pour la Ligue contre le cancer, ce texte va trop loin. Il ferait peser une responsabilité injuste sur les malades en augmentant les restes à charge et en fragilisant les plus vulnérables. Pour en parler, je suis avec Philippe Bergerot, président de la Ligue contre le cancer.
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2025 suscite de vives réactions, notamment en raison de la perception qu’il fait peser une forme de culpabilité sur les personnes malades. Parmi les points de tension, la contribution imposée aux complémentaires santé soulève des inquiétudes quant à son impact direct sur les patients. Le texte prévoit également l’élargissement des franchises médicales et de la participation forfaitaire, des mesures qui pourraient avoir des effets concrets sur les malades du cancer et leur accès aux soins. Ces dispositions interrogent sur la manière dont elles redéfinissent la relation entre solidarité nationale et prise en charge individuelle.
Le PLFSS 2025 fait peser un risque réel sur les malades, notamment ceux atteints de cancer, car la prise en charge à 100 % reste très théorique. Plus de 600 000 personnes n’ont pas de mutuelle, et celles qui en ont voient leurs cotisations augmenter, ce qui crée une double peine pour les plus fragiles. Les conséquences sont graves : refus de soins, retards de traitement et choix contraints entre se nourrir ou se soigner. Les pénalités financières et les restes à charge impactent directement l’accès aux soins, compromettant l’égalité et la pertinence des traitements.
La Ligue contre le cancer distribue chaque année plusieurs millions d’euros d’aides sociales, un effort qui interroge sur la capacité à compenser les lacunes du système et sur ce qu’il révèle du désengagement de l’État. Cette organisation défend une politique ambitieuse de prévention, pourtant au cœur des débats, alors qu’elle pourrait générer des économies substantielles à long terme. Dans ce contexte, la question de la place de la prévention dans les choix budgétaires devient centrale pour l’avenir de la santé publique. Enfin, un message fort doit être adressé aux parlementaires qui examineront le PLFSS dans les prochaines semaines, afin de rappeler l’importance de décisions qui protègent les malades et renforcent la solidarité nationale.
Les aides sociales distribuées par la Ligue ne suffisent pas à compenser les lacunes du système, car l’organisation vit uniquement de dons et ne peut pallier le désengagement de l’État. La Sécurité sociale, créée sur un principe de solidarité, voit aujourd’hui son ambition fragilisée par des politiques à court terme qui font peser la responsabilité sur les malades. La prévention reste sous-financée en France, avec seulement 2,5 % du budget contre 6 à 7 % dans d’autres pays, alors qu’elle pourrait réduire durablement les coûts de santé. Il est urgent de relancer une politique ambitieuse, avec un grand plan de prévention utile pour le cancer mais aussi pour de nombreuses maladies, afin de retrouver l’esprit fondateur de la Sécurité sociale : le soin pour tous.
