Les transformations du monde du travail s’accélèrent : recul du télétravail, quête de sens, besoin de lien social… Dans ce contexte, les entreprises doivent repenser leur manière d’organiser le travail et d’aménager les espaces. Pour en discuter, je reçois Nicolas Beuvaden, expert des environnements de travail et fondateur d’une structure spécialisée dans la qualité de vie au bureau.

Ces dernières années, les attentes des salariés ont connu une profonde évolution, notamment en ce qui concerne les conditions de travail. Après la crise du Covid, beaucoup imaginaient que le télétravail s’imposerait comme une norme équivalente au travail sur site. Pourtant, la réalité montre un recul progressif du télétravail depuis plusieurs années.

Ce phénomène s’explique par plusieurs raisons majeures. D’une part, certaines entreprises cherchent à renforcer la cohésion d’équipe et à améliorer la productivité, perçue comme plus difficile à maintenir à distance. D’autre part, des enjeux liés à la culture d’entreprise et à la gestion managériale poussent à privilégier une présence physique.

Ce retour au bureau ne laisse pas les salariés indifférents. Il est perçu de manière contrastée : certains y voient une opportunité de renouer avec le collectif et de mieux séparer vie professionnelle et vie personnelle, tandis que d’autres regrettent la flexibilité et l’autonomie offertes par le télétravail.

Aujourd’hui, les frontières entre vie pro et vie perso sont devenues floues avec les outils numériques, ce qui crée un vrai besoin de redéfinir les équilibres. Le bureau reste un lieu essentiel de lien social, même avec un peu de télétravail. On y vient aussi pour bénéficier de services pratiques, comme le sport ou la conciergerie, qui facilitent le quotidien. Enfin, on observe que le télétravail peut fragiliser l’intégration des jeunes et affaiblir le collectif, ce qui explique en partie le retour progressif au bureau, très variable selon les contextes.

Aujourd’hui, certains types d’aménagements et de services rencontrent un fort engouement de la part des salariés. Les espaces modulables, les zones de silence, les bulles de concentration, mais aussi les lieux de convivialité comme les cafétérias ou les terrasses végétalisées figurent parmi les plus plébiscités. À cela s’ajoutent des services de bien-être tels que les séances de sport, les consultations de santé mentale ou encore les programmes de conciergerie.

Un environnement de travail propice à la fois à la performance et au bien-être se caractérise par un équilibre subtil entre ergonomie, flexibilité et qualité de vie. Il favorise la concentration tout en encourageant les interactions informelles, et il s’adapte aux différents rythmes et besoins des collaborateurs.

Pourtant, même les entreprises les plus soucieuses de bien faire peuvent commettre des erreurs dans la transformation de leurs espaces. Parmi les écueils les plus fréquents, on observe une standardisation excessive des open spaces, une sous-estimation des besoins acoustiques, ou encore une digitalisation mal pensée qui complexifie les usages au lieu de les simplifier. À cela s’ajoute parfois un manque de concertation avec les équipes, qui peut générer un sentiment de déconnexion entre les décisions prises et les attentes réelles des salariés.

En France, la restauration reste un pilier de la vie au travail. On passe des cantines traditionnelles à des formats plus hybrides, inspirés de la restauration commerciale, avec plus de variété et de flexibilité. Le bien-être personnel prend aussi une place croissante, tout comme la nécessité d’espaces adaptés aux différents temps de la journée : concentration, réunions, échanges informels ou détente. Une erreur fréquente a été de réduire trop vite les surfaces de bureaux en pariant sur un télétravail massif ; or, on observe aujourd’hui un retour progressif au bureau, obligeant certaines entreprises à réétendre leurs locaux.

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