Chapelets, missels anciens, mantilles, costumes ou bien sweat à capuche. C’est dimanche et le prieuré intégriste Sainte-Anne de Lanvallay, situé à proximité de Dinan (Côtes-d’Armor), accueille quelque 300fidèles pour la messe traditionnelle. Ouest-France assiste au rendez-vous où se mêlent toutes les catégories sociales et toutes les générations sont au rendez-vous. Selon le quotidien, 1 300 fidèles fréquentent, au moins une fois par mois, le prieuré de Lanvallay et ses chapelles. Cette communauté de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) est la plus importante derrière celle du prieuré de Paris.

Pourtant, Lanvallay n’est pas un cas isolé en Bretagne ou en Loire-Atlantique, où les traditionalistes catholiques rencontrent un franc succès. Ouest-France estime à quelque 10 000 les fidèles qui vont au moins une fois par mois dans l’un des quarante lieux où sont célébrées des messes selon l’ancien rite tridentin. Le noyau dur rassemblerait  4 000 inconditionnels.

De nouvelles églises et chapelles

Pour l’historien des religions Paul Airiau, c’est certain : les catholiques traditionalistes restent minoritaires. “Mais on ne peut contester une hausse spectaculaire de fidèles ces cinq dernières années. Et cette tendance n’est pas près de s’interrompre”, explique-t-il au quotidien. Le fait que la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, première composante de la mouvance traditionaliste, doit investir dans l’immobilier pour pouvoir accueillir ses fidèles. Ainsi, de nouvelles églises et chapelles ont vu le jour ces derniers mois. Inaugurées discrètement elles rencontrent un vrai succès.

Elles attirent les nostalgiques de la liturgie d’antan. Ceux qui refusent que les laïcs donnent la communion, que les filles soient enfants de chœur, etc. Les chantres de l’office en latin sont également de plus en plus nombreux. Ce qui fait dire à Hubert Lecamp, cadre parisien à la retraite, qui assiste aux messes du prieuré de Lanvallay qu’il ne reconnaît plus l’Église dans laquelle il est né a “appris le sens du devoir et du sacré. Et une certaine idée de l’homme et sa dignité”. C’est pour cela qu’il s’est tourné vers les traditionalistes. “Et je ne suis pas déçu”, commente-t-il. 

Fin de vie, IVG

D’autres, expliquent que le rite n’est jamais très éloigné de la politique. Ils dénoncent la tiédeur des prêtres “officiels” sur des questions sociétales comme l’euthanasie, l’interruption volontaire de grossesse, la procréation médicalement assistée ou encore la bénédiction des couples remariés ou homosexuels

Constance et Carl R., deux Vannetais, vont plus loin. Les anciens membres du très conservateur Mouvement des jeunes catholiques de France affirment au quotidien que les prêtres officiels “dialoguent trop avec les juifs, les musulmans ou même les protestants. Au lieu de chercher, comme autrefois, à les convertir”

Jeunes convertis

Les catholiques traditionalistes comptent aussi dans leurs rangs des nouveaux convertis. Plutôt jeunes, ils cherchent des repères et n’hésitent pas à aller les trouver dans la spiritualité. Avec le rite traditionnel, nous leur proposons une réponse à un besoin fondamental de transcendance.”

Du côté de l’Église “officielle”, la poussée des traditionalistes inquiète certains prêtres. “Arrêtons de nous voiler la face. La synodalité ne fait plus recette. En niant le désarroi de beaucoup de nos fidèles, nous risquons encore une fois de passer à côté du réel”, affirme au quotidien un prêtre du diocèse de Nantes. Pourtant, “il y a un manque d’unité !”, chez les catholiques traditionalistes. Ce constat émane de l’abbé Gilles Roger, prêtre sédévacantiste de Rennes. Il explique qu’en Bretagne, trois courants dissidents s’opposent avec plus ou moins de force à l’Église officielle.

Les plus “ultras”

Les sédévacantistes, dont il est l’un des représentants, sont les plus “ultras”. Selon eux, ça ne fait pas un pli : l’Église catholique est tombée dans l’hérésie avec Vatican II. Ils estiment même que le siège papal est vacant depuis la mort de Pie XII, en 1958. Les neuf prêtres sédévacantistes officiant en Bretagne et en Loire-Atlantique sont, d’ailleurs, considérés comme illégitimes par Rome. 

Les lefebvristes sont les disciples de Mgr Marcel Lefebvre (1905-1991). On les trouve principalement  au sein de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X fondée en 1970. Ils reconnaissent le pape, mais ils rejettent en bloc l’Église de Vatican II, à cause de ses “idées modernistes”. Opposée aux dialogues œcuméniques et interreligieux encouragés par le Concile, les lefebvristes n’ont toutefois pas coupé tous les ponts avec Rome. Et ce, même si les récentes déclarations du pape François sur les couples homosexuels et divorcés remariés ont refroidi davantage les négociations en cours.

Une autorisation du pape

Enfin, les “ralliés” sont également opposés à certaines mesures du concile Vatican II. Cependant, ils ont accepté une entente avec le Saint-Siège. Si bien qu’un motu proprio du pape les autorise à célébrer la messe selon l’ancien rite.