En cette période des Rameaux, nous connaissons bien l’ambiance de ce moment : le printemps est de retour et avec lui la joie des beaux jours. Dans les magasins, les œufs et les lapins en chocolat décorent les allées et les vitrines.
Vivre le récit
Dimanche prochain, un certain nombre de nos temples seront peut-être un peu plus décorés que les autres dimanches, avec des fleurs ou branchages, des vêtements ou tissus de toutes couleurs. Les plus courageux auront mis des branches tout autour des murs pour rappeler le geste de la foule autour de Jésus lors de son arrivée sur l’ânon. Que ce soit par souci de décoration et de créativité, ou par souci de faciliter l’apprentissage du récit et de vivre autrement le culte, il est intéressant de voir que ce sont souvent ces deux ou trois éléments qui reviennent pour fêter les Rameaux. Même sur la plupart des images et coloriages de cet événement nous les voyons : l’âne ou l’ânon, les vêtements et les branches. Ce sont en effet des éléments qui reviennent dans les récits que nous avons de ces événements dans nos évangiles. Marc parle d’un jeune animal, comme le font les trois autres évangélistes. Matthieu précise que l’ânon est avec une ânesse. Dans l’évangile de Matthieu on parle de branches d’arbres que la foule coupe, tandis que d’autres mettent des vêtements sur la route. Chez Marc, il y a aussi les vêtements mis par terre et les feuillages trouvés, cette fois-ci, dans la campagne. Luc parle uniquement des vêtements ; Jean uniquement des branches, en précisant qu’elles viennent de palmiers. En utilisant ces éléments du récit de manière concrète et visuelle dans nos temples aujourd’hui, nous faisons bien plus que simplement rappeler les événements. Nous sommes invités à travers eux à vivre ce récit.
Participer à l’extra-ordinaire
Il est généralement admis que la première communauté chrétienne à Jérusalem célébrait jour après jour les événements décrits, à partir de ce récit qui est au début du chapitre 11, jusqu’à la fin de l’Évangile : la mort et la résurrection de Jésus. Elle se préparait à la fête de Pâques en allant chaque jour de la semaine précédente sur un des lieux des événements décrits : le mont des Oliviers, le Temple, etc. Les premiers chrétiens de la communauté revivaient les événements décrits, sans doute en chantant les psaumes dont nous avons quelques traces dans les acclamations de la fin du passage : « Hosanna ! Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! Béni soit le règne qui vient, le règne de David notre père ! Hosanna au plus haut des cieux ! » (9-10). En remettant en scène les événements, que ce soit sur le lieu même de ce qui est décrit ou ailleurs, nous écoutons autrement le texte, nous vivons quelque chose de ce qui est décrit. Nous faisons comme cette première communauté qui chante sa foi en revivant les événements. En réalité, elle fait bien plus que répéter ou mettre en scène les événements : elle participe à l’extra-ordinaire de ce moment que Jésus a initié.
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