Même si la visite en paroisse ne s’adresse pas toujours à un malade ou un handicapé, ses conseils sont à méditer et approfondir. Il insiste sur l’empathie indispensable et l’oubli de soi pour être présent à l’autre.
Quand tu visites les malades ou les handicapés, ne te laisse pas obnubiler par leur maladie ou leur infirmité. Fais-en plutôt abstraction.
L’handicapé a beaucoup lutté pour sortir de l’ornière où l’avait jeté son handicap. De grâce, ne lui rappelle pas sa maladie, tu le ferais revenir à son point de départ.
Il faut de la simplicité et une grande délicatesse. N’oublie pas que la douleur développe la sensibilité. Quand l’occasion se présentera – et elle se présentera certainement si tu aimes les malades – ils te raconteront « leur histoire ». C’est pourquoi ne pose pas de questions, mais sache écouter.
Ne les plains jamais. Ne leur témoigne jamais de pitié. Il est possible que ce soit eux qui te plaignent. Borne-toi à leur prouver que tu leur appartiens sans réserve. Ce que tu peux apporter de meilleur à un malade, c’est de l’aider à se trouver lui-même. Fais appel à ta charité, mais sur une base réelle, non factice. Bâtir sur le mensonge, c’est bâtir sur le sable. Cela il ne le faut pas ; les conséquences seraient pires. Même si le malade a perdu beaucoup, il doit lui rester quelque chose. C’est sur ce « quelque chose », avec la foi et l’espérance, qu’il s’agit de construire.
Il sera parfois utile de donner quelque chose, mais il sera toujours nécessaire de te donner toi-même. Il se peut que la douleur unisse à Dieu plus que la joie. Borne-toi à le suggérer, non par des paroles, des images ou de la sentimentalité, mais par ton exemple.
Pour comprendre les malades, il faut se mettre à leur place. C’est une chose très difficile. Si tu n’essayes pas de le faire, inutile de discuter avec eux.
Dire que Dieu les aime beaucoup, c’est très joli et c’est certainement vrai. Mais ce n’est pas l’amour de Dieu que tu dois leur prouver en ce moment, c’est le tien et cela ne se fait pas avec des mots.
Dieu n’est pas quelqu’un qui va et vient ; Dieu est fidèle et il demeure. Il sera plus ou moins perçu, selon les circonstances que traverse le malade ; par conséquent, essaye d’aider celui-ci humainement et Dieu se manifestera en son temps.
Aime-les autant que tu pourras, mais pas seulement pour Dieu : aime-les pour eux-mêmes. Les personnes qui s’occupent des malades seulement pour Dieu et avec quelque froideur dans leur comportement laissent penser que les malades ne sont pour eux que des instruments et des moyens de leur propre sanctification.
Remplissez-vous de Dieu ; mais ensuite allez vers les malades comme si eux seuls existaient. C’est ainsi, sans en faire votre but, que vous répandrez en eux l’influx de Dieu.
Sois optimiste à tout moment. Toujours gai. Même dans les moments les plus aigus de la douleur, il y aura une fente pour laisser passer l’espérance et un sillon pour semer la joie.
Quelqu’un me demandait : « Que puis-je leur dire ? » Mais c’est si facile ! Souriez, s’il vous plaît. Peut-il exister un « pont » plus sûr que l’ébauche d’un sourire ?
Quand ils vous prendront pour confident de « leurs affaires », intéressez-vous à leurs problèmes ; essayez de comprendre ceux-ci et de les faire vôtres. Eux, avec leur perception très fine, sentiront que vous vous êtes fait « écho ».
Peut-être demeurerez-vous impuissant à enlever le fardeau de leurs épaules, mais je vous assure que vous aurez considérablement allégé celui de leur cœur.