Daniel, d’où nous viens-tu avec ce très cher accent ?
Je viens d’un pays où il y a « quelques arpents de neige ». Vous aurez déjà compris que j’emprunte cette phrase ironique à Voltaire. Par sa superficie (soit 18 fois celle de la France), le Canada est le deuxième plus grand pays du monde. Je suis né à Montréal, la plus importante ville francophone d’Amérique et l’une des plus grandes villes de la francophonie. Benjamin d’une famille de quinze enfants, j’ai grandi dans un quartier du sud-ouest de cette métropole.
Parler d’accent, c’est révéler ses origines, son histoire. Comme le dit si bien Yves Duteil, la langue de chez nous « c’est une langue belle avec des mots superbes qui porte son histoire à travers ses accents […] ». Les accents des Canadiens français (québécois) sont enracinés au cœur même de la France ! Du début du XVIIe siècle jusqu’au XVIIIe siècle, les habitants de la Nouvelle-France, ancienne colonie française d’Amérique du Nord, parlaient le même français que les habitants de Paris. Bien entendu, c’était le français populaire de l’époque quelque peu différent du dialecte de la Cour, sans pour autant en être éloigné. Comme le dit si bien Victor Bazin du journal Le Figaro, « Si le français que parlent les Québécois est, à peu de choses près, celui que l’on parlait au XVIIe siècle en France, n’est-il pas plus juste de dire que ce sont les Français de France qui ont développé un accent ? »
Combien de temps as-tu été pasteur au Canada ? Et avais-tu un ministère spécialisé ?
J’ai exercé des ministères variés au cours de mes 43 années de service au sein de l’Église, et ce dans les deux langues officielles du Canada (français et anglais). Mes six premières années de ministère (1976-1981) ont été axées sur l’évangélisation et l’implantation de nouvelles Églises locales à travers diverses unions et associations d’Églises protestantes et évangéliques du Québec, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick. L’annonce de l’Évangile du Christ en Parole et en musique a été d’une grande efficacité pour l’évangélisation et une bénédiction pour les nouvelles communautés de foi émergeantes. Après avoir implanté de nouvelles Églises locales dans la grande région de Montréal et dans la ville de Québec, j’ai assumé un pastorat à Trois-Rivières. C’est au cours de cette période que j’ai vécu un tournant significatif dans […]