Parents pauvres isolés, enfance maltraitée, toxicomanie, adoption et handicap, grande pauvreté… la liste est longue, des batailles de Georgina Dufoix. L’ancienne ministre s’est toujours demandé comment les hommes, si nombreux et si différents, pouvaient vivre bien sur la Terre, avec un souci constant pour les plus précaires. Le sens de la vie a toujours été, pour elle, une interrogation majeure.

Georgina Dufoix a grandi dans un milieu cévenol réformé, les grands-parents aux galères, leurs épouses refusant d’abjurer et leurs enfants violentés. La famille a insufflé à ses membres des valeurs de responsabilité et un attachement viscéral au respect de la liberté de conscience. Mais elle n’a pas transmis la foi. « J’étais une réformée athée. » 

La rencontre avec Dieu a lieu le 8 août 1988. Georgina Dufoix a quarante-cinq ans ; elle vient de perdre son mandat de députée du Gard. « Le coup est rude pour l’ego. » Elle est en réunion, délicate, à l’hôtel Matignon. En peine, elle interpelle le divin : « Si tu existes vraiment, c’est le moment de venir. » Instantanément, elle ressent une paix et une joie inconnues, un état intérieur de plénitude excellent, une totale absence de peur. « La grâce de Dieu m’est tombée dessus, j’ai compris qu’il existait un au-delà que je n’avais pas nommé et que j’avais cherché, pendant des années, entre autres dans les philosophies orientales. »

Georgina Dufoix n’est plus la même. L’Invisible est présent et apporte un bien-être merveilleux. Elle dévore la Bible, y découvre « une lumière formidable et un mode d’emploi pour une bonne vie », met ses pas dans ceux de Jésus, « le seul qui nous amène à Dieu comme Père 1 ». Sa vision du monde évolue. Ses relations aussi. Elle relate son expérience. Dans son entourage, on se moque. « Des gens ont pensé que j’étais complètement cinglée. » À l’Élysée pourtant, François Mitterrand lui dit qu’elle a de la chance.

En octobre 1991, le journal Le Monde la met en cause dans l’affaire du sang contaminé 2 . Les attaques médiatiques dureront sept ans, jusqu’à sa relaxe en 1999 par la Cour de justice de la République. Sept années difficiles durant lesquels la femme de foi apprendra à mettre en pratique la parole biblique. « Beaucoup de gens m’ont attaquée, détestée, j’avais tellement d’ennemis que si je ne les aimais pas, ma vie devenait impossible. Or, la Bible dit qu’il est possible d’aimer ses ennemis. Je me suis accrochée à ce qui est écrit et, ce qui est génial, c’est que c’est vrai ! »

Georgina Dufoix se nourrit de la présence de Dieu. « Dieu est toujours là, prêt à nous prodiguer sa paix, sa joie, son amour, mais notre porte n’est pas toujours ouverte. Nous n’expérimentons sa présence que quand notre état intérieur le permet. »

Celle qui se définit comme une follower de Jésus assure qu’elle n’aurait jamais pensé pouvoir être aussi heureuse. Elle évoque la joie parfaite offerte par le Christ 3 avant d’interroger : « Quelles sont nos pensées, actions, émotions, peurs… qui nous volent notre joie et nous privent de recevoir pleinement celle de Jésus ? »

Georgina Dufoix s’est engagée en politique avec le slogan de François Mitterrand « Changer la vie », mais elle a découvert qu’indépendamment du pouvoir qui peut, dans certaines situations, aider les autres à changer, il faut commencer par changer soi-même. Elle ne regrette rien. « J’ai servi les Français de mon mieux. Si c’était à refaire, je le referai mais différemment, parce que je sais aujourd’hui qu’il existe un Maître de la vie. »

1 « Je suis le chemin, la vérité, la vie. Personne ne peut aller au Père autrement que par moi » (Jean 14.6). 
2 Dans les années 1980, des centaines de patients hospitalisés et d’hémophiles ont été contaminés par le sida et l’hépatite C en recevant des transfusions sanguines ou dérivés sanguins. Les dirigeants des établissements de transfusion et les pouvoirs publics ont été accusés de ne pas avoir pris les précautions nécessaires pour protéger la population.
3 « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite » (Jean 15.11)