“Si c’était facile, ce serait trop facile.” Dans la foule des pèlerins arrivés à La Mecque depuis dimanche 25 juin, un quadragénaire philosophe. Les températures flirtent avec les 46 degrés Celsius, précise L’Orient-Le Jour, mais il faut faire avec. Une Tunisienne marque une pause à l’ombre de la Grande Mosquée. Si la chaleur est “très intense” par rapport à son pays, elle explique que “l’idée même du hajj repose sur l’acceptation des difficultés. La récompense est à la hauteur de l’effort fourni”. “Le but est que vous accomplissiez le hajj comme l’a fait le prophète [Mahomet], de manière à apprécier ce que vous avez”, reprend l’homme. Mais comme le rappelle le quotidien francophone libanais, il y a mille quatre cents ans, il faisait certainement moins chaud.
En quarante ans, le réchauffement climatique s’est traduit par une hausse de 2,5 degrés des températures estivales en Arabie saoudite. Chercheur à l’Institut du Moyen-Orient à Washington, Karim Elgendy pense que ce n’est qu’un début : “Les températures estivales maximales de 50 degrés pourraient devenir un phénomène annuel (récurrent) d’ici la fin du siècle.”
Plus de personnes âgées
Il prévoit également une progression du taux d’humidité, qui “rendra les (…) conditions extérieures très difficiles”. Pourtant, la levée de la limite maximale de l’âge des pèlerins ouvre la voie à une participation accrue des personnes âgées, qui sont également les plus sensibles aux effets de la chaleur.
Ceux-ci sont tels que toute activité extérieure peut devenir dangereuse en été, à cause des risques de déshydratation, d’insolations et de problèmes cardiaques. Alors, pour protéger les employés qui travaillent en extérieur, l’Arabie saoudite interdit le travail entre midi et 15 h de juin à septembre.
“Nous avons la foi”
En 2021, le climat du Golfe est devenu si extrême que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations unies a averti que certaines parties de cette région pourraient être inhabitables d’ici la fin du siècle. Malgré tout, un pèlerin venu d’Indonésie estime que la chaleur “n’est pas un obstacle”. “Nous avons la foi”, explique-t-il. Une femme, avoue s’inquièter plus du très grand nombre de pèlerins et d’une possible bousculade.
Chaque année, les rituels du hajj et du petit pèlerinage (omra), qui lui peut s’effectuer tout au long de l’année, rapportent près de 12 milliards de dollars (soit près de 11 milliards d’euros) à l’Arabie saoudite, qui investit dans le tourisme pour tenter de diversifier son économie et réduire sa dépendance au pétrole. Pour y parvenir, le royaume compte sur le renforcement des infrastructures et des transports autour de La Mecque et Médine.