Si le rire est le propre de l’homme, selon Rabelais qui s’inspire d’Aristote, le « sous-rire » n’est qu’un petit rire, une version démonétisée. Le rire rabelaisien est viscéral et explosif ; le sourire quant à lui est convenable et modéré. D’ailleurs, la règle dans l’art occidental, jusque dans les photographies du début du XXe siècle, est la bouche close qui, au mieux, peut se risquer à esquisser un timide sourire (pensons à l’énigmatique sourire de la Joconde).

Le refus de la grossièreté

Dignité et gravité sont, depuis l’Antiquité, de rigueur et il n’y a que le petit peuple, les enfants et les fous qui rient à gorge déployée, s’exposant à montrer leurs dents, ce qui transgresse les règles de la bienséance. On avance habituellement des raisons pratiques pour expliquer cette coutume : l’hygiène buccale de nos ancêtres était un peu plus que négligée et il n’était pas question d’arborer un sourire édenté. L’explication est trop courte : c’est d’abord la condamnation du rire sans retenue, qui déforme le visage et le rend ridicule, c’est le refus de la grossièreté des mœurs populaires qui justifie cette attitude d’une impeccable maîtrise de soi. Le rire immodéré transforme les hommes en bêtes.

Le rire est associé durant des siècles au […]