Animé, rapide, la parole vive et enjouée, François Jullien arpente la pièce en répondant aux questions avec précision. Il prend soin d’arrimer ses concepts à des réalités concrètes; ainsi, Dieu est dé-coïncidence (Labor et Fides, 2024) appuie sa démonstration sur l’Evangile de Jean. Le philosophe en donne une relecture décapante, décelant dans l’épisode de la Samaritaine «une pédagogie de la dé-coïncidence». Mais d’abord, quel chemin a conduit l’helléniste à devenir sinologue pour mieux philosopher au présent?

Au lieu d’écrire sa thèse sur les présocratiques et Aristote, il «apprit le chinois pour mieux lire le grec». Il s’agissait de s’abstraire de la pensée indo-européenne afin d’interroger cette dernière «à partir du dehors chinois». Attention, aucun comparatisme, mais «un vis-à-vis réflexif qui fait apparaître l’impensé de chaque langue». L’impensé? «Ce à partir de quoi je pense et que je ne peux pas penser puisque c’est ce à partir de quoi je pense.»

Il livre ainsi nombre d’essais éclairants, dont […]