Si la nécessité de répondre aux « besoins spirituels » des personnes soulève moins de débats au sein des institutions, les religions y sont encore parfois regardées avec suspicion, et l’épouvantail du prosélytisme peut être agité pour dissuader de toute activité religieuse dans les établissements.

Une aumônerie bien identifiée à l’AEDE

L’AEDE propose un service d’aumônerie à toutes les personnes qui en font la demande. Il est animé par des chrétiens et ouvert à tous. La transmission de la foi y requiert délicatesse et doigté, surtout au regard de la vulnérabilité des personnes accompagnées. Elle passe avant tout par un témoignage de vie ouvrant à une relation authentique à Dieu fondée sur l’amour, l’espérance et le pardon, et portée par la prière.

Nous voulons que chacun se sache aimé de Dieu de façon unique et sans contrepartie, et aspirons à être en amitié avec toutes les personnes accompagnées, quelles que soient leurs croyances et leurs manières de vivre.

En temps de maladie et de deuil, la présence de l’aumônerie se révèle précieuse. Par l’accompagnement individuel et collectif, les célébrations d’adieu, nous transmettons l’espérance que la vie est plus forte que la mort.

La plupart des personnes que nous accompagnons ont vécu des blessures profondes, des abandons ou des humiliations. Nous cherchons à leur transmettre la foi en un Dieu qui établit la paix et la réconciliation. Nos groupes d’aumônerie sont ainsi des lieux de profonde fraternité où chacun reçoit et donne le pardon.

Cette fraternité s’exprime tout particulièrement dans la prière, qui rassemble parfois des croyants de différentes religions dans un même élan vers le Ciel. Beaucoup découvrent ou redécouvrent la beauté de ce dialogue avec le Seigneur. Samir, musulman, m’a confié que c’est en priant avec les chrétiens à l’aumônerie qu’il avait retrouvé l’envie de s’adresser à Dieu et qu’il était redevenu assidu à la pratique de ses prières rituelles quotidiennes.

Ainsi, transmettre la foi dans cet environnement laïc et multiconfessionnel consiste avant tout à ouvrir les cœurs à la présence d’un Dieu d’amour et de miséricorde. Dans le respect des croyances de chacun, il est alors possible d’aller plus loin avec celles et ceux qui le demandent.

Marc de Maistre, aumônier de l’AEDE

Une animation spirituelle à la Mission populaire

Comme la société, le peuple des Fraternités de la Mission populaire évangélique, réparties sur le territoire dans douze lieux de type maisons de quartier, est pluriel. Salariés, bénévoles, personnes accueillies sont croyants ou non, catholiques, musulmans, protestants, etc. Comment prendre en compte cette diversité pour répondre aux besoins spirituels?

Outre une écoute et un accompagnement, nous développons ce que nous appelons une « animation spirituelle » : avec des outils de l’éducation populaire, des animations bibliques, nous proposons des occasions de jeux, de discussions, d’expression orale ou artistique. Nous recherchons ensemble du sens, exprimons ce qui compte pour nous, débattons sur le bonheur, la beauté, les angoisses de la vie ou la société. Autour de la table, la parole est libre. Chacun peut parler à cœur ouvert de sa foi, de ses convictions. Les chrétiens peuvent parler naturellement de Jésus.

De manière laïque, nous essayons de vivre l’Évangile qui affirme à chacun que sa personne et sa parole comptent !

Stéphane Lavignotte, pasteur de la Maison ouverte à Montreuil (93), chargé de mission national de la Mission populaire à l’animation spirituelle