Les évangéliques actuels puisent-ils leurs racines dans la Réforme du XVIe siècle, comme les réformés et les luthériens, ou sont-ils issus des réveils du XIXe siècle, lorsque certains d’entre eux se séparèrent des Eglises d’Etat pour fonder leurs propres Eglises?
Il est clair que derrière la façon de raconter l’histoire de la Réforme et du protestantisme se joue un combat de légitimité entre les réformés et les évangéliques. Ces derniers ont souffert d’être considérés comme des mouvements sectaires en marge des Eglises historiques. En réalité, les évangéliques actuels héritent de quatre principaux courants, deux desquels remontent au temps de la Réforme. Tout d’abord, leur théologie est marquée par Calvin, dont ils ne retiennent pas le multitudinisme. Sur ce dernier plan, ils sont les héritiers directs des anabaptistes qui affirmèrent la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Les évangéliques sont ensuite marqués par les piétismes des XVIIe et XVIIIe siècles: à l’intérieur des Eglises nationales, des groupuscules de croyants fervents trouvaient la théologie traditionnelle desséchante pour la foi. Enfin, au tournant du XIXe et du XXe siècle, le mouvement fondamentaliste, surtout américain, a réagi à la sécularisation de la société. Son christianisme conservateur modèle l’identité des évangéliques. […]