Il était très attendu. Le pape François est arrivé dimanche 24 juillet à Edmonton, en Alberta (Canada), pour une visite de six jours dans le pays (jusqu’au 30 juillet), rapporte TV5 Monde. Il devrait renouveler sa demande de pardon pour le rôle joué par l’Église durant plus d’un siècle dans les violences infligées à des milliers d’enfants issus des populations autochtones. Le souverain pontife, âgé de 85 ans, doit se rendre ce lundi 25 juillet dans un ancien pensionnat pour autochtones. Car c’est dans ce genre d’établissements qu’environ 150 000 enfants inuits, métis ou des Premières Nations, ont été intégrés de force entre 1831 et 1996.
Enfants coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture, violences physiques, psychologiques et abus sexuels : ces écoles avaient pour objectif de les “civiliser” et de les christianiser, précise La Croix. L’an passé, la découverte de 1300 sépultures sur les sites d’anciens pensionnats avait suscité une onde de choc. Quel a été le rôle de l’Église catholique dans ces sévices subis par ces enfants ? La Croix indique que sur les plus de 130 pensionnats reconnus par Ottawa, deux tiers étaient administrés par l’Église catholique. “Les sévices étaient connus d’une partie de la hiérarchie de l’Église. Les abus étaient évoqués à mots couverts et le personnel problématique était déplacé d’un pensionnat à l’autre”, explique Brian Gettler, professeur associé d’histoire à l’université de Toronto, au quotidien catholique.
“Beaucoup de gens ont souffert”
La Croix rappelle que, longtemps, malgré les demandes des communautés autochtones, l’Église catholique a renvoyé la responsabilité de ces abus aux diocèses et aux ordres religieux qui les administraient. Le pape Benoît XVI, en 2009, avait exprimé des regrets mais n’avait pas formulé d’excuses. Puis, en 2015, le pape François a demandé pardon “pour les crimes contre les peuples autochtones durant ce que l’on appelle la conquête de l’Amérique”, rapporte le quotidien. Mais c’est le 1er avril dernier, devant des délégations autochtones venues à Rome, que le pape François avait déclaré, dans un moment historique : “Pour la conduite déplorable de ces membres de l’Église catholique, je demande pardon à Dieu, et je voudrais vous dire du fond de mon cœur : je suis vraiment désolé”.
Il a promis de renouveler sa demande de pardon au cours de son séjour. Beaucoup attendent énormément de cette visite. “J’aimerais que beaucoup de monde vienne” pour “entendre que ce n’est pas inventé”, a indiqué Charlotte Roan, interrogée par l’AFP, dans un article de 20 Minutes. D’autres, en revanche, n’ont pas vraiment d’attente. Linda McGilvery, 68 ans, citée également par 20 Minutes, a passé huit ans dans un pensionnat lorsqu’elle était enfant. “Pour moi, c’est un peu trop tard parce que beaucoup de gens ont souffert”, dit-elle. Et de déplorer : “J’ai perdu beaucoup de ma culture, de mon ascendance, c’est beaucoup d’années de perte”. Elle, n’ira pas voir le pape.