Sa toute première interview, le pape Léon XIV la veut revendicative. Ce dimanche 14 septembre, dans une interview accordée au média catholique américain Crux, il s’agace des inégalités salariales, des écarts de revenus et des grandes fortunes de ce monde. En butte contre les écarts de richesse, le pape estime qu’ils seraient la cause de « la polarisation du monde » et de la perte de sens de valeurs comme celles de la « vie » ou bien de la « famille ». « Si nous perdons le sens de ces valeurs, qu’est-ce qui compte encore ? », questionne-t-il.
Il regrette que « les PDG qui, il y a 60 ans, auraient pu gagner quatre à six fois plus que ce que les travailleurs reçoivent… 600 fois plus (aujourd’hui) ». Et il vise en particulier Elon Musk, le deuxième homme le plus riche du monde depuis la semaine dernière et patron de Tesla. Son extrême richesse l’interroge : « Hier, on a appris qu’Elon Musk allait devenir le premier billionnaire (1 000 milliards de dollars, NDLR) du monde. Qu’est-ce que cela signifie et à quoi cela sert-il ? Si c’est la seule chose qui ait encore de la valeur, alors nous avons un gros problème ». Le patron de Tesla pourrait effectivement devenir la première personne dont la fortune personnelle dépasserait les 1 000 milliards de dollars. Cela grâce à un plan de rémunération concocté par le conseil d’administration de Tesla.
Dans la lignée du pape François
En critiquant les très hauts salaires, le pape Léon s’inscrit dans la continuité du pape François, qui en décembre 2013, dans un message pour la paix de son pontificat, avait émis le même reproche. « Les graves crises financières et économiques contemporaines (…) ont poussé de nombreuses personnes à rechercher la satisfaction, le bonheur et la sécurité dans la consommation et dans le gain, au-delà de toute logique d’une saine économie », avait écrit François dans un message intitulé « La Fraternité, fondement et route pour la paix », rapporte Franceinter.
Le média Crux questionne également Léon au sujet de la construction de ponts, dont il a fait mention dans son discours au balcon de Saint-Pierre. Il prend le parti du « dialogue » comme « principal moyen » pour cela et cite ses discussions avec des « dirigeants mondiaux issus d’organisations multinationales ». Il finit par pointer l’impuissance des Nations Unies : « Malheureusement, il semble généralement admis que les Nations Unies, du moins à l’heure actuelle, ont perdu leur capacité à rassembler les peuples autour de questions multilatérales. »