Depuis quatorze ans, vous assurez les cours d’Ancien Testament, d’hébreu débutants et la coordination des cours d’hébreu de la faculté de Paris. Quel effet cela vous fait-il de quitter cette fonction ?
C’est vrai que l’IPT aura été ma plus longue expérience professionnelle. Je suis encore très dedans, je n’anticipe pas trop. J’ai encore des examens, des sessions. Je me réjouis du cadeau merveilleux que l’on m’a fait lors des rencontres organisées autour de mon départ, avec les gens avec qui j’ai travaillé.
Des gens qui viennent des quatre coins du monde ! Car avant l’IPT, il y a eu l’Italie, Israël, le Nicaragua, le Mexique… Qu’est-ce qui a amené la native de Montbéliard que vous êtes à vivre dans tous ces pays ?
J’ai souvent saisi des opportunités qui se sont présentées, au hasard des rencontres. Et j’ai aimé tout ce que j’ai fait, tout m’a intéressée, tout m’a servi pour la suite. Mais vous noterez dans mon parcours un tropisme pour les pays latins ! (rires) Victor Hugo parle bien de Besançon, sa ville natale, comme « d’une vieille ville espagnole » ! Je me suis échappée de la faculté de théologie de Strasbourg où j’avais commencé mes études de théologie pour aller étudier deux ans à Rome. Je suis revenue plus tard en Italie grâce aux contacts que j’avais gardés avec l’Église vaudoise : quatre ans comme directrice du centre œcuménique d’Agape dans les vallées vaudoises, un an à Turin pour mettre sur pied un programme de formation interculturelle de prédicateurs laïques, avec des collègues italiens et ghanéens. Je garde aussi un lien étroit avec le Nicaragua depuis trente ans, et avec le Mexique depuis une vingtaine d’années. Mon attirance pour l’Amérique latine a commencé jeune, vers 15 ans, lorsque j’ai fréquenté des réfugiés chiliens dans des centres de rencontres œcuméniques ou protestants en France. Ils avaient fui après le coup d’État de Pinochet. Quelques années plus tard, j’ai répondu à la demande de poursuivre les relations créées entre les Églises protestantes du Nicaragua et les Églises françaises grâce au travail de Georges Casalis, ancien professeur de théologie pratique à l’IPT. Arrivée au moment de la révolution sandiniste, à partir de 1979, j’y suis restée pendant trois ans, grâce au Defap. Depuis, j’y retourne pratiquement tous les ans pendant l’été pour continuer à y donner des cours. Je pars aussi régulièrement au Chiapas, au Mexique, pour faire de la formation biblique dans une ONG œcuménique.
Et vos années à Jérusalem ?
Vers 30 ans, j’ai croisé le chemin d’une dame qui se plaignait que la bourse proposée pour étudier à l’Institut de Tantur, lieu de travail œcuménique près de Jérusalem, n’ait trouvé preneur. J’ai saisi la perche, d’abord pour un semestre, en […]