Par Pierre-Luc Rivière, président du Foyer protestant de Castres
Le Foyer protestant de Castres est né en 1840, dans la grande période des œuvres du christianisme social, à l’initiative du consistoire du Tarn. À l’origine, sa mission consistait à accueillir les jeunes orphelins protestants. Leur pension était financée par les paroisses du Sud. Autour de Castres se trouvait un tissu économique propice à leur insertion professionnelle : des entreprises, des artisans, notamment dans le textile, les accueillaient en formation avant de les embaucher, tandis qu’en amont, le Foyer assurait leur éducation jusqu’au certificat d’études et les accompagnait jusqu’à ce qu’ils deviennent autonomes.
Près de deux siècles plus tard, cette mission est toujours la nôtre. Elle fait partie de l’ADN du Foyer protestant. Aujourd’hui, nous sommes une association type loi 1901, reconnue d’utilité publique. Bien sûr, nous nous sommes adaptés aux évolutions des besoins. Le Foyer ne se charge plus de la scolarité des jeunes, assurée par l’Éducation nationale, mais travaille à leur intégration sociale et professionnelle. Dans les années 1970, nous avons construit un foyer pour les jeunes travailleurs (l’un des tout premiers), tandis que l’orphelinat est devenu une Maison d’enfants à caractère social (Mecs), où nous accueillons des enfants placés suite à une décision judiciaire, mais aussi de plus en plus de mineurs non accompagnés (une soixantaine), qui arrivent de différents pays. Ce sont des jeunes qui ont vécu des choses très dures et ont fui des persécutions politiques ou des conflits armés.
Lever les obstacles
Accompagner les jeunes vers l’insertion, c’est d’abord identifier ce qui peut les freiner. L’obstacle majeur reste évidemment celui de la mobilité. Comme dans la plupart des territoires ruraux, il y a très peu de transports en commun dans le Tarn. Nous louons aux jeunes des trottinettes, des vélos, des voitures avec ou sans permis, pour une caution qui reste symbolique parce qu’elle cherche surtout à […]