Est-on obligé d’avoir des enfants ? Peut-on se créer une religion à la carte ? Pourquoi faire des bonnes actions ? Que l’on croit ou pas en un dieu, la foi et la spiritualité interrogent. Un constat qui n’a pas échappé à l’Église protestante unie du Canada. Après une étude de marché confirmant qu’il n’existait alors aucun podcast francophone permettant d’y répondre, elle a demandé à Stéphane Vermette d’y remédier. « Dès le début, j’étais à la recherche d’une personne pour co-animer le podcast. Je trouve ce format plus dynamique. C’est la pasteure suisse Carolina Costa qui m’a suggéré le nom d’une de ses amies, Joan. J’ai pris mon courage à deux mains, je suis assez timide pour ce genre de chose, et je l’ai contactée », raconte le pasteur canadien, à la tête d’une étonnante paroisse. Nommée Sainte-Claire, elle est entièrement numérique. « Nous nous rencontrons les dimanches soir à 19 h 30 pour le culte. Nous accueillons des gens de l’Amérique du Nord. Nous avons une moyenne hebdomadaire de 15 personnes en direct sur Zoom et YouTube Live, précise-t-il. Certaines personnes rattrapent le culte ou le message sur YouTube durant les jours suivants. » En direct ou en différée, les mêmes questions reviennent régulièrement. 

Fort de son expérience, Stéphane Vermette n’a eu aucun mal à imaginer une collaboration à distance. En effet, quelque 7 050 km le séparent de la co-animatrice de Question de croire. Joan Charras-Sancho est pasteure-suffragante, coordinatrice cantonale jeunesse/KT dans l’Église évangélique réformée du canton de Vaud, en Suisse. « J’avais fait de la radio pendant quatre ans sur RCF », rappelle la théologienne progressiste, ravie du dialogue interculturel et intergénérationnel qui s’est mis en place. « Avec Stéphane, nous avons dix ans d’écart », chiffre-t-elle. 

« Une équipe complémentaire » 

Ce n’est pas l’unique raison de la bonne entente audible lors des émissions. « Très rapidement, j’ai compris que nous pourrions former une équipe complémentaire : elle une femme pasteure en Europe possédant un doctorat en liturgie et moi un homme pasteur en Amérique du Nord avec quinze ans d’expérience en paroisse. Nos deux parcours sont relativement différents et nous disposons de deux marchés pour diffuser le projet. Que demander de plus ? », confirme Stéphane Vermette. Les co-animateurs partagent également plusieurs points communs. « Je ne crois pas que j’aurais pu travailler avec une personne fondamentaliste, décrit le pasteur. Nous sommes tous les deux assez progressistes et notre

théologie est libérale. Cependant, nos parcours et nos expériences de vie conduisent à des avis différents sur certains sujets. Sans rechercher le débat ou l’affrontement, nous pouvons offrir des points de vue complémentaires, et les auditeurs peuvent ainsi explorer différentes facettes d’une question. L’épisode “Que doivent faire les chrétiens en temps de guerre” est un excellent exemple. Le but n’était pas de convaincre l’autre, mais de partager nos sensibilités et de démontrer que le dialogue est possible entre des gens de foi. De plus, nous choisissons les thèmes sans connaître l’opinion de l’autre. C’est en consultant notre document de travail partagé sur une Dropbox que nous prenons connaissance des sujets de l’un et l’autre. C’est souvent une surprise », ajoute le Canadien. 

« Après avoir partagé nos idées, nous nous enregistrons sur une plateforme en ligne et Stéphane s’occupe du montage. Et nous demandons aux auditeurs de ne pas hésiter à nous envoyer leurs questions. Après la diffusion d’un épisode, nous sommes à l’écoute des retours des paroissiens de Sainte-Claire et d’un groupe que j’anime sur Whatsapp », complète Joan Charras-Sancho. Et pour pousser leurs auditeurs à prolonger la réflexion, le binôme veille à ce qu’il reste des interrogations à la fin de chaque épisode. Une manière de ne pas imposer leur point de vue et de faire en sorte que chacun se forge sa propre opinion. 

Apparemment, la formule séduit de nombreux recommençants. « Ils ont été un peu au catéchisme, mais ne se sont pas engagés davantage. Et maintenant, ils recommencent à s’intéresser à la foi et à la spiritualité », explique Joan Charras, très pédagogue. Un autre point commun qu’elle partage avec Stéphane Vermette. Mais ces deux-là ne se sont jamais rencontrés et aucun projet de ce style n’est prévu et pas que pour des raisons financières. « Nous communiquons régulièrement via des applications, parfois pour le projet, parfois pour se donner des nouvelles de nos vies. Enregistrer un épisode face-à-face serait peut-être bizarre. Cela changerait sûrement notre dynamique. Le format influence toujours le résultat final », commente Stéphane Vermette, très à l’aise dans son rôle de pasteur numérique. 

Découvrir le podcast « Question de croire » sur Regards protestants