Elles ont 13, 14, 15 ou 16 ans, sont collégiennes ou lycéennes. En France, elles sont des centaines voire des milliers d’adolescentes à réaliser de courtes vidéos sur le réseau TikTok, encourageant à porter le voile et faisant part de leur incompréhension devant le refus de leurs établissements, indique Le Monde. Au total, le hashtag #voile compte 447 millions de vues sur la plateforme. 

D’après le quotidien, les posts TikTok les plus communs mettent en scène l’obligation de retirer le vêtement religieux devant les portes du collège ou du lycée. Par exemple, une vidéo vue plus de 400 000 fois montre deux adolescentes en voile et abaya qui dansent. En description, il y est écrit : “On a réussi à mettre un pied au lycée avec le voile.” Certaines partagent des “astuces” lorsqu’il n’est pas possible de retirer le vêtement religieux. “Faites-vous toujours des coiffures attachées (chignons/tresses) afin que l’on ne voie pas la longueur ou la nature de vos cheveux”, lance l’une. “Ne vous asseyez pas à côté ni devant des garçons”, clame une autre. Par ailleurs, des garçons font des vidéos pour soutenir celles-ci. 

“Agitateurs prosélytes”

Parfois, cela va plus loin, rapporte La Dépêche du midi. “Si on voit les jambes, ce n’est pas légiféré, faites attention à ne pas égarer des sœurs sans le vouloir”, commente un internaute. “Arrêtez cela et optez pour des cours à distance”, tranche un autre. Pis il y a même des comptes musulmans plus radicaux qui voient d’un mauvais œil ces jeunes ados trop maquillées à leur gout : “Le voile n’est pas un accessoire de mode”, commente le compte “Islam Info 8”, qui a partagé une vidéo opposant les clips de ces jeunes filles à des images de femmes arborant un voile intégral. Une vidéo qui a récolté 42 000 “j’aime”, note Le Monde

Du côté des autorités françaises, ces messages sont pris au sérieux. Le comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation a alerté les services de l’État sur une volonté de certains activistes islamistes de remettre en cause la loi de 2004 sur le port des signes religieux dans les établissements scolaires, à travers les réseaux sociaux. Parallèlement, le nombre d’incidents à l’école liés au port du voile ou à une tenue islamique au collège et au lycée a progressé en France le premier et le second trimestre 2022 (241 entorses à la fameuse loi lors des six premiers mois de l’année), relate La Dépêche du midi. “Je ne suis pas naïf sur le fait qu’il puisse y avoir des mots d’ordre et des agitateurs prosélytes qui n’ont pas de bonnes intentions pour l’école et pour les jeunes”, a déclaré le ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, le 30 septembre dernier.