L’Église arménienne possède certaines particularités. En effet, elle est divisée en deux Églises principales : l’Église apostolique arménienne, et l’Église catholique arménienne. S’agissant de la première, “les deux catholicossats dirigeant les Arméniens sont à Etchmiadzine en Arménie – présidé par Karekine II, catholicos suprême de tous les Arméniens – et à Antelias au Liban depuis 1930 – où Aram Ier est le catholicos” de Cilicie, écrivait l’Agence de presse internationale catholique (APIC). Quant à l’Église arménienne catholique, poursuivait l’agence, elle est “située à Beyrouth au Liban” : celle-ci est aujourd’hui dirigée par le patriarche Raphaël Bedros XXI Minassian. La Croix précise que l’Église arménienne catholique, qui a vu le jour en 1742, compte environ 600 000 fidèles.
Tigrane Yégavian, journaliste et chercheur, expliquait en octobre 2020 au site Église catholique en France : “L’Arménie est une terre de chrétienté depuis le IVe siècle. Jean-Pierre Mahé, historien, a défini l’Arménie comme une ‘Église-Nation’. L’Église apostolique arménienne, majoritaire à 90%, est une église autocéphale depuis le concile de Chalcédoine en 451. Si elle est séparée de Rome, elle entretient d’excellentes relations avec le Saint-Siège.”
L’Église, “un sanctuaire d’identité nationale”
Dans cet entretien publié après la reprise du conflit du Haut-Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, laquelle a éclaté en septembre 2020, il insistait sur le fait que “l’Église arménienne joue un rôle très important” car elle “fait corps avec son peuple”. “De nombreux prêtres et aumôniers militaires sont mobilisés au front, auprès des combattants arméniens, affirmait-il. Si beaucoup d’Arméniens “n’ont pas forcément foi en Christ”, ils demeurent “très attachés à leur Église, qui constitue un sanctuaire de leur identité nationale”, ajoutait l’auteur de Minorités d’Orient : Les oubliés de l’Histoire (Le Rocher, 2019) et de Géopolitique de l’Arménie (Bibliomonde, 2019).
Alors que des affrontements meurtriers (près de 300 morts) à la frontière entre les deux pays ont à nouveau éclaté le 13 septembre dernier, le patriarche de l’Église apostolique arménienne a réagi le lendemain, indique La Croix. “La guerre de 2020 et les attaques contre les frontières de l’Arménie, qui n’ont pas été correctement évaluées par la communauté internationale, ont encouragé l’Azerbaïdjan à tenter d’obtenir les concessions qu’il souhaite par des activités militaires incessantes”, a fustigé le catholicos Karekine II.
“Atrocités innommables”
Ce dernier a également lancé un appel à la communauté internationale pour “(l’)inciter à prendre des mesures efficaces pour mettre un terme aux nombreux actes d’agression et aux ambitions de l’Azerbaïdjan à l’égard du monde arménien”. En 2020, écrit La Croix, le patriarche de l’Église apostolique arménienne avait mis en garde, dans les colonnes du quotidien italien La Repubblica, sur le risque d’un nouveau génocide des Arméniens (en référence à celui de 1915). Pas plus tard que le 22 septembre, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, devant l’ONU, a accusé l’Azerbaïdjan de commettre “des atrocités innommables.”