C’était en octobre 2020. Le président de la République, Emmanuel Macron, lançait son grand plan pour lutter contre les “séparatismes islamiques”, rappelle La Croix. Un plan qui, en plus de son volet sécuritaire, en comprenait un d’ordre académique. Il annonçait ainsi la création d’un Institut français d’islamologie (IFI). Créé le 2 février dernier, il vient d’être inauguré le 22 novembre à la Sorbonne. Son objectif, écrit le site de l’IFI : “développer une islamologie française de haut niveau” et “promouvoir à l’échelle nationale l’étude scientifique des systèmes de croyances, de savoirs et de pratiques propres aux différentes branches qui composent la religion musulmane.”
Et, outre le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche de l’innovation, il regroupe huit universités partenaires (Aix-Marseille université, l’École normale supérieure de Lyon, l’École pratique des hautes études, l’École des hautes études en sciences sociales, l’Institut national des langues et civilisations orientales, l’université Lumière-Lyon 2, l’université Jean Moulin-Lyon 3, et l’université de Strasbourg). Dirigé depuis septembre par l’universitaire Pierre Caye, l’IFI entend financer des postes d’enseignants-chercheurs, des bourses de doctorat, de postdoctorat. Il vise par ailleurs à soutenir l’édition et la traduction des sources de la culture islamique, énumère le journal La Croix.
“Des Islams”
Pour l’islamologue Mohammad Ali Amir-Moezzi, président de son conseil scientifique, cité par le quotidien, “c’est le plus grand cadeau qu’ait reçu l’islamologie française depuis longtemps”. Car la discipline est menacée de disparition, alertait, en 2014, le livre blanc des études françaises sur le Moyen-Orient et les mondes musulmans. “L’étude approfondie et véritablement scientifique des textes reste une nécessité à l’heure où tant de courants islamistes invoquent justement ces sources des origines”, précisait ce livre blanc selon La Croix. “Des inepties sont débitées à longueur de journée parce que nous pâtissons d’un manque flagrant d’islamologie dans notre pays”, regrette Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’islam de France, également interrogé par le quotidien catholique.
D’autant que, “en France, les études sur l’Islam sont très souvent ‘maghrebo-centrées’, ce qui peut donner l’impression que l’Islam se limite au Maghreb”, note l’islamologue Youssouf T. Sangaré au micro de France Culture. Pourtant, reprend ce docteur en Études arabes, lorsqu’on “regarde la population des musulmans en France, on constate que (le pays) est une terre de diversité des populations musulmanes. Des musulmans d’origines variées se retrouvent en France, et le mélange de ces populations devrait aussi avoir une répercussion dans le champ de la recherche : finalement, il n’y a pas un, mais des Islams. S’intéresser à cela, c’est s’intéresser aussi aux aires culturelles d’où proviennent ces populations-là”. C’est ce à quoi doit s’atteler ce nouvel institut.