En ouvrant sa porte, il engage une conversation vive et teintée d’inquiétude, voire d’indignation, à propos des événements du monde et de la politique suisse. Le sage observateur de la société est aussi un citoyen engagé, ultra-sensible à l’actualité et au monde qui l’entoure. Et ça remonte à loin.
Enfant, il a passé la guerre à La Tour-de-Peilz avec sa mère hollandaise, qui vivait dans l’angoisse non seulement pour sa famille et sa patrie occupée, mais aussi pour son mari. Délégué de Nestlé, celui-ci voyageait en Hollande, Tchécoslovaquie, Allemagne. Roland Campiche a gardé des objets offerts à son père, après la guerre, par des Tchèques reconnaissants de son aide à leur résistance passive aux nazis. En 1946, il accompagne sa mère en Hollande et observe les terrifiants dégâts de la guerre.
Souvenirs indélébiles ! Naissance du besoin de comprendre ce qui se passe dans la société, renforcé par la découverte, fondatrice, du scoutisme; il participe chaque année au rappel de la promesse des scouts veveysans du Vieux-Mazel. Autre rencontre décisive à 15 ans, celle du pasteur Tullio Vinay et de ses camps oecuméniques au Centre international Agapè (Piémont). Ainsi se construit la démarche qui fait de lui le fondateur en Suisse romande de la sociologie de la religion.
L’éthique sociale, un pilier
A ses yeux, la théologie ne suffit pas à l’Eglise pour qu’elle remplisse sa mission: elle a besoin des outils de la sociologie. Karl Barth, qu’il fréquente à Bâle, a beau le traiter d’antéchrist, Campiche persiste. S’étant frotté, pasteur, aux réalités du quart-monde dans la paroisse lausannoise de Sévelin-Malley («J’y ai tout vu!»), il passe un an à l’Université de Chicago pour préparer son doctorat en sociologie. Expérience décisive, éducation […]