Ses contemporains le considéraient comme un nouveau réformateur. Lui-même se voyait plutôt comme un fidèle disciple de Martin Luther. Un siècle et demi après ce dernier, Philipp Jacob Spener espérait «des temps meilleurs pour l’Église de Dieu sur terre». Pour cela, il appelait à sa réforme permanente, car celle du XVIe siècle était insuffisante. Spener, pourtant, n’est pas devenu aussi célèbre que le réformateur… Sans doute en raison de son moralisme assez étroit et de sa personnalité réservée: il n’appréciait ni le rire, ni la danse, ni le tabac.
Spener (1636-1705) est né en Alsace. Après quelques années comme prédicateur protestant à la cathédrale de Strasbourg, il devient pasteur à Francfort-sur-le-Main. Au contact de ses paroissiens, il mesure que son époque est en proie à une véritable «détresse spirituelle» due à un «embourgeoisement» de la foi. Il souhaite donc vivifier le protestantisme, trop formel et dogmatique à ses yeux. Durant vingt ans, il prêche beaucoup, correspond avec de nombreux théologiens et s’investit particulièrement dans l’éducation religieuse de la jeunesse.
«Collèges de piété»
Mais plus encore, à partir de 1670, Spener organise […]