Présentée à la presse en italien (non traduite à ce jour ni mise en ligne sur le site du Vatican), il s’agirait d’une « révolution ». Un nouveau visage d’Église s’y dessine, se félicitent les théologiens mainstream. Mais, hormis quelques retouches bureaucratiques (suppression de doublons et redéfinition d’attributions redondantes et ajustements financiers), concrètement, quoi de neuf dans la vie de l’Église catholique à partir du 5 juin ?

Un nouveau dicastère, dédié à l’évangélisation ? En réalité, c’est la fusion de deux structures qui étaient déjà en service (le conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation et la congrégation pour l’évangélisation des peuples). L’accès des laïcs aux charges curiales, présenté comme une extraordinaire nouveauté ? En réalité, le dicastère de la communication était déjà présidé par un laïc depuis plusieurs années, Paolo Ruffini ; de surcroît, plusieurs organismes, les plus influents, restent réservés aux seuls cardinaux. Une saine décentralisation ? En réalité, c’est exactement le contraire : avec cette réforme, les pouvoirs centraux du pape sont renforcés à tous les étages de la hiérarchie curiale : le pontife s’arroge même la présidence d’un dicastère, en l’occurrence le premier dans l’ordre, ce qui ne s’était jamais vu encore dans l’histoire ; tous les responsables de la curie, clercs et laïcs, restent en outre nommés par le pape et seulement par lui ; leur pouvoir est strictement « vicarial », c’est-à-dire qu’ils l’exercent non pas par eux-mêmes, mais par délégation expresse du pontife qui les nomme et les contrôle ; chacun des seize dicastères est d’ailleurs dédié au seul « service de la mission du pape » ; quant au secrétariat d’État qui dirige et qui coordonne le travail de chacun, il est désormais explicitement désigné comme « le secrétariat du pape ». Le mandat du pape prime ainsi sur tout et sur tous. Il tranche toutes les questions en dernier […]