Affaire Jean-Pierre Ricard, affaire Michel Santier, prêtre mis en examen et écroué pour viol sur un adolescent : les scandales se multiplient et les catholiques traversent une crise réelle de confiance vis-à-vis de l’Église. Au point de provoquer chez certains une baisse de la pratique et de l’engagement. Un pratiquant de 26 ans confie au journal Le Monde qu’il n’ira plus se confesser : “Les scandales s’enchaînent, tombent les uns après les autres, c’est tout simplement ahurissant, toutes ces histoires ne m’aident pas quand parfois je doute, j’ai l’impression de soutenir une maison en train de s’écrouler.”

Colère, ras-le-bol, méfiance : les mots sont forts pour décrire ce que ces fidèles ressentent. “On est accablés par la souffrance”, lâche Sylvie de Kermadec, 69 ans, catholique pratiquante, à Sud-Ouest. “On n’est pas au bout de nos surprises et il faut qu’on soit prêt à en entendre d’autres”, prévient un “pratiquant depuis toujours”, âgé de 35 ans, auprès de ce même quotidien. Pour Mary de Wailly, 45 ans, également citée par Sud-Ouest, ces nouvelles révélations sont la preuve que les recommandations de la commission Sauvé sur l’ampleur de la pédocriminalité au sein de l’Église catholique, publiées en octobre 2021, “n’ont pas été intégrées” par l’épiscopat.

“Rester dans l’Église”

Depuis 2019, il y a une accumulation de révélations qui provoque un très grand accablement”, explique Céline Béraud, directrice d’études de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Sud-Ouest. Avec l’affaire du cardinal Ricard, la crise de confiance est d’autant plus forte, dit-elle, car il représente le haut du panier de l’institution. En effet, Jean-Pierre Ricard, ancien archevêque de Bordeaux ayant avoué des faits “répréhensibles” commis il y a trente-cinq ans sur une fille de 14 ans, a été, de 2001 à 2007, président de la Conférence des évêques de France (CEF).  

Je ressens une grande lassitude vis-à-vis des évêques qui donnent parfois l’impression de nous prendre pour des idiots. Ceux qui sont mis en cause ne sont pas des moutons noirs qui sont passés entre les mailles du filet, mais des gens mis en valeur par la suite, promus. Cela remet en cause tout l’édifice”, glisse une catholique au Monde. Mais dans cette période de vives turbulences, certains appellent à ne pas perdre espoir : “Il faut rester dans l’Église, ce n’est pas le moment de lâcher, sinon ça signifie laisser la maison aux méchants”, confesse un jeune catholique au même journal.