Un large préfabriqué gris a été installé à l’extrémité sud du village olympique, situé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Il accueille le centre multiconfessionnel et sert, en quelque sorte, de “bureau” à 160 prêtres, aumôniers protestants, rabbins et représentants religieux musulmans, bouddhistes et hindouistes. Tous sont accrédités pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, précise franceinfo. “Ce centre existe à chaque Jeux sur demande du Comité international olympique (CIO). Il est dans le cahier des charges des organisateurs”, rappelle Jeanne Le Comte du Colombier, cheffe de projet du site.
L’endroit est discret et une affiche rose installée à l’entrée indique l’“Accueil du centre multiconfessionnel”. Une indication traduite en anglais afin de simplifier la vie de ses usagers. Là, les représentants des cultes se relaieront jusqu’au 11 août, puis pendant les Jeux paralympiques, du 28 août au 8 septembre prochains. Ils y accueillent les athlètes, mais aussi leur entourage et les volontaires qui le souhaitent, pour un temps d’écoute et d’accompagnement spirituel. “On ne peut pas dissocier la partie physique de la partie spirituelle et c’est le cas aussi pour les athlètes”, explique à franceinfo le grand rabbin, Moché Lewin.
“Nous sommes à leur service”
Les entraîneurs, soigneurs et autres accompagnateurs qui encadrent les athlètes s’occupent au mieux de leurs protégés. Mais, “la spiritualité n’est pas prise en compte dans les staffs, à la différence de l’aspect physique et mental, et est reléguée à la sphère privée. C’est pourquoi nous sommes là, pour répondre à leurs besoins, pour s’entretenir avec eux. Nous sommes à leur service”, reprend Jérémie Del Zotto, aumônier protestant.
Lui comme les autres volontaires a reçu une formation en théologie et au minimum un diplôme universitaire d’aumônerie. Certains sont aussi aumôniers dans les prisons, les hôpitaux et l’armée. “Nous avons aussi suivi une formation Paris 2024 pour nous occuper des personnes en détresse”, complète Céline Maillot, moine bouddhiste, également appelée Ane Sonam, son nom religieux.
Recueillement, méditation, célébrations religieuses
Le centre multiconfessionnel dispose de salles réservées aux entretiens individuels. Il compte également un bureau de renseignements, où sont annoncés les temps de recueillement, de méditation et les célébrations religieuses. Des salles de prières ont également été aménagées, les unes à côté des autres. Dans la salle réservée aux chrétiens, les symboles des trois religions sont représentés : une croix catholique, une bible protestante et des icônes orthodoxes. Des livres, des affiches et des petits espaces séparés par des rideaux blancs composent la salle. “Tout est fait pour qu’ils se sentent comme chez eux”, commente Jérémie Del Zotto, aumônier protestant. Les représentants des autres religions ont eux aussi pu adapter leur pièce à leurs croyances.
“Ici, nous avons un espace hors du temps », estime la moine bouddhiste Ane Sonam. Ceux qui y viennent peuvent y parler de tout, de sport ou bien d’autre chose, mais toujours avec un regard différent. Plus neutre, la salle de prière juive propose quelques livres et des photos des plus grandes synagogues au monde. “Il était important que chaque juif qui vient prier puisse retrouver l’atmosphère qu’il connaît”, souligne le grand rabbin, Moché Lewin.
“Géofraternité”
La salle des musulmans jouxte celle des juifs. “On laisse la porte ouverte, car nous trouvons ce geste fort en termes de symbole. Comme les salles sont petites, s’ils ont besoin de plus de place certains jours, ils peuvent utiliser notre pièce, et inversement”, informe Najat Benali, responsable de l’aumônerie musulmane. Les conflits géopolitiques restent en dehors du centre. “Il y a une très bonne entente entre nous tous”, confirme Jean-Pierre Mihaljevic, aumônier protestant. “Dans la société, on ne voit pas souvent les cultes réunis de la sorte. Ici, on préfère parler de ‘géofraternité’ plutôt que géopolitique”, sourit Moché Lewin, grand rabbin.
La salle de prière musulmane, située en face de petites cabines réservées aux ablutions, est la salle la plus neutre des cinq religions représentées. “Nous n’avons pas décoré la pièce afin d’être le plus universel possible et que chacun puisse s’approprier le lieu”, présente Najat Benali. Comme à la mosquée, il faut ôter ses chaussures avant d’entrer dans la salle divisée en deux par des paravents. La partie gauche est celle des hommes, la droite celle des femmes. Seuls deux tapis d’imam se distinguent dans la pièce. Ils ont été posés sous une feuille au format A4 sur laquelle est imprimé un triangle vert et le terme “Qibla”, qui indique la direction de La Mecque. Décorées ou non, les salles offrent une parenthèse aux athlètes.