1De David. Psaume. 

On pourrait aussi-bien lire ici : « Psaume d’Andreas », car d’une certaine manière j’y lis ma vie.

Éternel ! tu me sondes et tu me connais, 2 Tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, Tu pénètres de loin ma pensée ; 3 Tu sais quand je marche et quand je me couche, Et tu pénètres toutes mes voies. 4 Car la parole n’est pas sur ma langue, Que déjà, ô Éternel ! tu la connais entièrement. 5 Tu m’entoures par derrière et par devant, Et tu mets ta main sur moi.

Effectivement, quand j’étais petit, j’ai grandi avec ce Dieu, avec cette image de Dieu qui sait tout, qui est toujours là et qui met sa main sur moi – et cela me faisait tellement de bien. Qu’il sache ce que je pense, qu’il voit ce que je fais, qu’il soit là jour et nuit, tout cela m’a rassuré et m’a offert une image paisible et rassurante de DIEU.

Oui, je peux le dire, c’est le « Bon Dieu » au sens noble du terme que j’ai pu rencontrer dans mon enfance, grâce à mes parents. Tout cela était beau, tout cela était bien même si tout cela me dépassait comme cela dépassait déjà le Psalmiste quand il constate :

6 Une science aussi merveilleuse est au-dessus de ma portée, Elle est trop élevée pour que je puisse la saisir.

Mais arrive le temps des questions – vous savez, ces questions qui n’ont pas de réponses – arrive le temps où le jeune homme veut être grand : être grand, dans le sens où c’est faire ce qu’on veut et ne dépendre de personne ni de DIEU. Arrive le temps, où on voudrait vivre sans DIEU car vous savez, cette main qu’il pose sur nous devient de plus en plus lourde, elle devient insupportable voire écrasante.

Oh oui, un Dieu qui sait tout, qui voit tout, qui est partout cela peut vite tourner en cauchemar car nous tous nous avons besoin de notre intimité, de notre jardin secret, même devant DIEU. Ainsi le Psalmiste s’en va, il quitte ce DIEU qu’il ne voit plus du tout comme le « bon DIEU », il lui tourne le dos et nous avec lui quand il chante :

7 Où irais-je loin de ton esprit, Et où fuirais-je loin de ta face ?

Fuir DIEU – vous vous rendez compte ?

Aller là où DIEU n’est pas – s’émanciper de cette force omniprésente, omnipuissante, omnisciente Fuir !

8 Si je monte aux cieux, tu y es ; Si je me couche au séjour des morts, t’y voilà. 9 Si je prends les ailes de l’aurore, Et que j’aille habiter à l’extrémité de la mer, 10 Là aussi ta main me conduira, Et ta droite me saisira.

Qu’il soit aux cieux, soit. Mais avec le Psalmiste nous allons beaucoup plus loin, nous allons là où il n’y a point de vie, pour vivre notre indépendance. Nous allons jusqu’au bout du monde pour échapper à DIEU – nous allons au-delà de la mer – là où personne n’est jamais allé avant nous pour être enfin indépendant, pour être enfin un adulte. Mais partout nous tombons sur ce DIEU qui nous dit tendrement : « Me voici… » Prenons donc des mesures plus drastiques – Dieu est lumière – dès le premier chapitre de la Bible, la lumière est là où est DIEU… Ou est- ce l’inverse ? Donc :

11 Si je dis : Au moins les ténèbres me couvriront, […] La nuit devient lumière autour de moi ; 12 Même les ténèbres ne sont pas obscures pour toi, La nuit brille comme le jour, Et les ténèbres comme la lumière.

Quel paradoxe (peut-être le paradoxe de la foi ?) quand les ténèbres ne sont pas ténébreuses, quand la lumière est (tout simplement lumière sans laisser ni ombres ni ténèbres), quelle surprise de trouver Dieu dans des situations ou dans des endroits abandonnés par tous… Sauf par lui.

Et puis cette découverte, enfin ce n’est pas vraiment une découverte car quand on était enfant on le savait déjà, que :

13 C’est toi qui as formé mes reins, Qui m’as tissé dans le sein de ma mère. 14 Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables, Et mon âme le reconnaît bien. 15 Mon corps n’était point caché devant toi, Lorsque j’ai été fait dans un lieu secret, Tissé dans les profondeurs de la terre. 16 Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient ; Et sur ton livre étaient tous inscrits Les jours qui m’étaient destinés, Avant qu’aucun d’eux existât.

Le voici de nouveau avec exactement les mêmes pouvoirs sans limites, les mêmes capacités qu’autrefois. Il y est partout et toujours, on dirait même en dehors de tout temps et tout espace et me connaît avant même que je sois né ou conçu. De nouveau, le « tout puissant » est avec moi ; seulement moi, je ne veux plus le fuir, je ne cherche plus les ténèbres, car j’ai changé.

J’ai parcouru la vie en cherchant un lieu, une situation sans DIEU, et ce que j’ai ainsi découvert, c’est moi- même : cette « image de Dieu » et, comme quand j’étais enfant, je ne comprends toujours pas ce DIEU avec sa fidélité, sa présence permanente ; seulement, il ne m’écrase plus, j’ai pu découvrir la liberté tant cherchée justement grâce à lui et grâce à son amour.

Aujourd’hui je prie :

17 Que tes pensées, ô Dieu, me semblent impénétrables ! Que le nombre en est grand ! 18 Si je les compte, elles sont plus nombreuses que les grains de sable. Je m’éveille, et je suis encore avec toi.

Aujourd’hui je le dis avec reconnaissance, librement devant lui. Mais voici, nous ne vivons pas dans le pays des Bisounours. Tout le monde n’est pas gentil et les personnes malhonnêtes et méchantes qui menacent notre idylle avec le « Bon Dieu » sont nombreuses.

19 Ô Dieu, puisses-tu faire mourir le méchant ! Hommes de sang, éloignez-vous de moi ! 20 Ils parlent de toi d’une manière criminelle, Ils prennent ton nom pour mentir, eux, tes ennemis ! 21 Éternel, n’aurais-je pas de la haine pour ceux qui te haïssent, Du dégoût pour ceux qui s’élèvent contre toi ? 22 Je les hais d’une parfaite haine ; Ils sont pour moi des ennemis.

Oh, si seulement ces méchants étaient les autres, si seulement ils vivaient loin de moi ! Mais, vous savez, nous sommes souvent nous- mêmes une menace pour nous quand nous mettons en question l’amour de DIEU, disant qu’il ne peut pas nous aimer après tout, pensant que sa grâce ne suffit en rien pour nous faire vivre, ou en répétant sans cesse combien nous sommes mauvais ou indignes.

Combien de fois « nous parlons de DIEU d’une manière criminelle » ? Quand par exemple nous l’utilisons comme moyen d’éducation, disant « le Bon Dieu voit tout »…

Combien de fois « nous prenons son nom pour mentir », quand nous nous taisons face à la violence dite « justifiée » et ne disons pas la vérité de cet incroyable amour sans limites, de cet amour presque obscène, tellement il est généreux, tellement il est au-delà de toute justice humaine.

23 Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon cœur ! Éprouve-moi, et connais mes pensées ! 24 Regarde si je suis sur une mauvaise voie, Et conduis-moi sur la voie de l’éternité ! AMEN

(Bible Segond)

Par Andreas Braun, pasteur de l’Église protestante unie de Bordeaux à Talence