Le premier jour de l’assemblée mondiale de « Foi & Constitution », s’est achevé par un discours plein de force et de souffle du Docteur Rima Nasrallah, pasteure libanaise et professeur de théologie pratique à la Near East School of Theology. Un appel plus pertinent que jamais, et l’exemple même d’une parole qui – parce qu’elle résolument ancrée « en Christ » – invite à la liberté.

La Commission de Foi et constitution dépend du Conseil Œcuménique des Églises. Des théologiens et théologiennes de cultures et de traditions ecclésiales très différentes travaillent ensemble sur des thèmes théologiques qui aident les Églises à dépasser les divisions pour aller vers une vie de communion.

Dr Rima Nasrallah, “La foi au cœur de la tempête : risque, vulnérabilité et Église au Moyen-Orient”
Faith and Order,  Sixth World Conference, Wadi el Natroun, Egypt, 2025, Plenary

Chers amis,

Alors que nous poursuivons notre réflexion sur la foi au Moyen-Orient, permettez-moi de vous dire quelques mots sur ce que cela signifie d’avoir grandi au Liban pendant les quinze années terribles de la guerre civile libanaise. Nous, les chrétiens du Moyen-Orient, nous nous sentons comme les disciples dans la barque, au milieu de la tempête sur la mer de Galilée. Cette image nous a accompagnés dans les années qui ont suivi la guerre, pendant les invasions répétées, les attaques, les explosions, les crises et les autres guerres qui ont suivi. Nous avons aussi entendu cette même métaphore dans la bouche de nos frères et sœurs en Syrie, alors qu’ils traversaient leur guerre récente et qu’ils se retrouvent aujourd’hui encore ballottés de tous côtés dans une réalité nouvelle, imprévisible, marquée par l’instabilité du régime. Nous avons vu également nos voisins palestiniens, pris dans des tornades successives, à bord d’un navire prêt de se disloquer.

Nous nous sommes dit : « Nous sommes dans la barque, dans la tempête. » Et nous avons attendu, pendant des décennies entières, que la tempête se calme, que le chaos se dissipe, que nos vies puissent enfin commencer. Et nous attendons encore. Il est difficile d’accepter d’être constamment jetés, ballotés, poussés sur des eaux agitées. Il est difficile de voir certains d’entre nous sauter du bateau et nager vers des rivages plus sûrs, jusqu’en Allemagne, au Canada, en Australie. Il est difficile aussi de voir ceux que le courant a emportés rester dans nos zones de guerre intérieure, s’effondrer sous le poids de l’insécurité, du stress financier, du désespoir. Il est plus difficile encore de compter ceux qui sont restés dans cette barque. Combien de chrétiens restent en Syrie ? Combien au Liban ? Combien en Palestine ? Nous avons peur de compter : car nous savons que si nous comptons, nous révélerons combien nous sommes peu nombreux et que les quelques derniers finiront par partir aussi. Cette sensation permanente de vulnérabilité, d’incertitude, de chaos devient trop lourde à porter.

Et dans cette tentative désespérée de lutter contre […]