Elle a toujours fait de l’économie sociale et solidaire, sans le savoir. Très jeune, elle aide ses frères et sœurs à trouver leur voie, lutter contre l’injustice… et à faire leurs devoirs. Dans la cité voisine, elle propose des coups de main et participe aux activités organisées pour les jeunes du quartier. Elle contribue, à sa manière, à améliorer l’ordinaire.

C’est en entrant en prépa qu’elle comprend qu’elle n’a pas eu les mêmes privilèges que les autres. Ils arrivent d’Henri-IV ; elle a fait toute sa scolarité dans le 94. « C’était un autre univers. » En école de commerce, elle crée des associations pour sensibiliser les étudiants à l’ESS. Elle se découvre une passion pour l’entrepreneuriat social et solidaire.

Un tour du monde et une année au Cnam1 plus tard, Solange Hébert crée, en 2021, la marque de vêtements éthiques et responsables Versatile. L’idée naît entre le Maroc et l’Inde alors que l’aventurière, 1 m 57, peine à porter un sac à dos trop lourd pour elle. « Il fallait jongler entre la vie perso et les rendez-vous avec les entrepreneurs sociaux locaux, bien paraître devant la caméra, ce n’était pas facile. »

La jeune femme dessine des croquis, aidée par une amie styliste. Elle lance le concept du deux, trois ou quatre en un, à l’image de son produit phare, le Magic pant, inspiré du pantalon du pêcheur thaïlandais : il se transforme en un tour de main en combinaison, jupe ou robe. Les voyageuses sont enchantées. La collection de vêtements multifonctions et modulables qui suit, zips aux coudes et aux genoux en veux-tu en voilà, séduit la communauté. La chemise devient chemisette, le pantalon, short au gré des besoins et le sac à dos perd quelques kilos, ça fait du bien.

La marque séduit les globe-trotteuses de toute l’Europe. Solange Hébert récupère des fins de rouleaux et collabore avec des chantiers d’insertion. Elle revendique la slow fashion2 et lutte à sa façon contre la production de tissus hyper polluants et la surconsommation. Une partie du chiffre d’affaires permet de financer des programmes d’accompagnement à destination de femmes entrepreneuses en Afrique.

Sur le site de la marque3 , on pourra bientôt précommander les nouveaux modèles de la collection d’été. Elle sera réversible : toujours ce même souci d’optimiser la garde-robe des femmes actives et/ou voyageuses, de faire plus avec moins. À l’horizon 2025, Solange Hébert projette de créer une collection pour les hommes, de dénicher un tissu naturel infroissable, et de rassembler tous les indispensables du sac à dos dans un kit minimaliste et élégant, idéal pour partir deux semaines en road trip avec un trente-litres au lieu d’un soixante-dix.

D’origine camerounaise, Solange Hébert veut contribuer aux progrès de son pays. Grâce à l’Organisation des jeunes engagés en faveur du développement durable en Afrique (Ojedda) qu’elle a cofondée, elle promeut l’association Ado. En collaboration avec une université parisienne, elle crée des prothèses de mains articulées à partir d’imprimantes 3D pour les Camerounais. « L’objectif est d’importer la technologie sur place. »

La jeune entrepreneuse dynamique revendique sa foi. Les valeurs de partage, d’empathie, de générosité, d’optimisme et de bienveillance héritées de son éducation inspirent ses engagements. « Oui, ma foi joue indiscutablement un rôle dans tout ça. »

1 Conservatoire national des arts et métiers.

2 La slow fashion promeut une fabrication de vêtements dans le respect de l’environnement, des travailleurs et des animaux. Elle invite à limiter ses achats vestimentaires pour consommer moins mais mieux.
3 collectionsversatile.com