La dépression semble plus fréquente et frappe des sujets de plus en plus jeunes, au point que certains prédisent qu’elle sera une des grandes maladies du vingt et unième siècle. À cause d’une difficulté grave, ou suite à un fait sans importance, la vie du sujet bascule et il se trouve entraîné dans une spirale ténébreuse. Il a le sentiment que des puissances de tristesse et de mort ont pris possession de son monde intérieur.

La dépression peut se définir comme une maladie des manques : la personne manque de sommeil, manque de goût à la vie, manque de désirs, manque de sentiment de joie ou même de tristesse. Les personnes dépressives n’ont plus de relation avec leur univers intérieur, elles sont bloquées émotionnellement. En cela la dépression est à distinguer de la tristesse : celui qui est triste ressent son chagrin, il est en contact avec lui-même. Le dépressif par contre n’a plus accès à ses sentiments. Parce qu’il a perdu tout goût à la vie, il est souvent traversé par des tentations de suicide.

Les Pères du désert ont donné à cette maladie le nom d’acédie. Ils en ont fait une description qui nous rappelle qu’elle touche aussi les croyants. Il suffit pour s’en convaincre de relever que, dans la Bible, David, Élie ou Job ont eu des périodes dépressives.

Comme toutes les maladies, la dépression se soigne par des médicaments et à l’aide de thérapies appropriées, mais comme dans toutes les maladies, les dépressifs ont besoin de la présence des voisins et amis.

Voici quelques repères pour accompagner les personnes en dépression.

Souvent les malades font preuve d’une lucidité particulièrement aiguë. Ils trouvent une profonde vérité dans la parole de l’Ecclésiaste qui dit : Tout est vanité… Mais au lieu de puiser dans ce constat une énergie pour affronter la réalité, ils se laissent accabler par cette fatalité. Il ne sert à rien de leur faire la morale ou de leur prouver qu’ils ont tort, car ils ne supportent pas les fausses consolations.

Le fait d’être dépressif n’est pas le signe d’un manque de foi. La dépression et une maladie de l’âme, elle n’enlève rien à l’amour que Dieu nous porte. De même qu’on peut être chrétien avec une jambe cassée où une cécité totale, on peut être chrétien et en dépression. Être chrétien, ce n’est pas être toujours de bonne humeur, c’est vouloir poser sa vie devant Dieu.

Les dépressifs ont tendance à s’enfermer dans leur dépression. Ils s’isolent et ont des difficultés à faire appel à des amis, car ils ne s’aiment pas. Un visiteur n’aura guère de travail s’il attend d’être appelé par une personne dépressive. Et pourtant, les dépressifs ont autant besoin de relations que les autres. La visite est un signe d’amitié, le témoignage que la personne a de la valeur à nos yeux même si elle est incapable de le ressentir.

Pour les amis, le seul discours à tenir à un dépressif est le suivant : « il y a quelque chose que tu ne sais pas mais que moi, je sais et que je te demande de croire les yeux fermés : le soleil existe quelque part et un jour, tu guériras. » Le dépressif a tendance à penser qu’il est condamné à vivre dans le gris jusqu’à la fin de ses jours. Le rôle des proches est d’espérer pour celui qui n’a plus d’espérance.
Pour terminer un exemple biblique.

Parmi les personnages bibliques qui ont traversé des phases de dépression, se trouve le roi David. Dans le Psaume 6, le roi écrit : Chaque nuit je baigne ma couche de mes pleurs, j’arrose mon lit de mes larmes.

Selon la tradition rabbinique, c’est quand il a traversé des périodes de dépression que David s’est attelé à la rédaction des Psaumes qui lui sont attribués. C’est la rédaction acharnée de ces prières qui lui a permis de surmonter son épreuve.

En mettant par écrit son vide, son sentiment de dégoût et de solitude extrême, David a objectivé l’épreuve qu’il traversait et cela lui a permis de reprendre contact avec lui-même.

Tous les dépressifs devraient écrire leurs propres psaumes !

Production : Fondation Bersier / Texte : Antoine Nouis / Présentation : Gérard Rouzier