À partir d’une question d’actualité, la « boussole de la FEP » propose des pistes de réflexion pour nourrir le sens de nos actions et tenter d’éclairer le sens des événements que nous traversons.

La parole

Joseph et sa fiancée Marie sont en déplacement à Bethléem pour être recensés. Or, pendant qu’ils étaient là, le jour où elle devait accoucher arriva ; elle accoucha de son fils premier-né, l’emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie.

La Bible, évangile de Luc chapitre 2, versets 6 et 7

Chemin de réflexion

Se laisser déplacer pour une rencontre

Se déplacer. Ne trouver de place nulle part… tel est actuellement le sort de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sur les routes et par les mers, attendant de trouver un port d’attache. Qui saura les rencontrer, les accueillir, leur faire une place ? La question s’est posée pour Marie, enceinte de son premier-né et contrainte de se déplacer sur les routes de l’empire. Ce soir-là, pas de place pour elle dans la grande salle de l’auberge, l’enfant dormira dans une mangeoire. Situation qui annonce le rejet de Jésus par les autorités de l’époque, et qui évoque la difficulté que nous avons parfois à accueillir un évangile qui nous bouscule…
C’est en chacun de nous que le Christ vient naître à Noël. Il s’invite dans ma vie, quand je ne l’attends pas, et souvent comme je ne l’aurais jamais imaginé. Mystère de Noël, réalité qui me dépasse, et qui pourtant se donne à connaître dans le quotidien le plus banal, le moins spectaculaire. Et si nous nous laissions déplacer pour une rencontre avec les autres ? Si c’était là que nous pouvions rencontrer le Tout Autre ?

Christine Renouard, pasteur, Église protestante unie de France

 

Quelle place pour un sens nouveau ?

Jésus ne vient pas de nulle part. Il vient d’une grande famille très connue et très respectée, dont l’histoire est racontée dans la Bible. Un sauveur, envoyé par Dieu, doit naître de cette famille célèbre, selon les prophètes. C’est Jésus, mais apparemment, il n’est pas attendu ! Il n’y a pas de place pour lui au moment de sa naissance… Pas de place pour l’inattendu. Les préoccupations sont ailleurs. Il y a déjà les activités de la semaine : école, travail, sport, musique, jeux vidéo, vidéos YouTube, télé… Tout est bien réglé. Les enchaînements sont minutés. Puis viennent les activités du week-end.
Attendons-nous encore quelque chose, ou bien tout est-il calé d’avance ? Et si l’inattendu surgissait ? Trop tard, c’est complet ? Quelle place reste-t-il pour la naissance d’un sens nouveau ? Pour la rencontre de celui qui frappe à ma porte ? Y a-t-il encore de la place en moi pour l’autre ? Pour le divin ? Noël, c’est cette naissance inattendue de l’autre en moi. C’est aujourd’hui ; c’est demain ; c’est chaque jour.

Bertrand Marchand, pasteur, Église protestante unie de France

 

« Hey les chrétiens, vous n’allez pas nous laisser tomber à Noël ? »

Un trou béant rue d’Aubagne marque l’espace du quartier de Noailles en Centre-Ville de Marseille. Depuis les effondrements du 5 novembre 2018 – 8 morts, 10 % des habitants évacués – le quartier s’est replié entre fatalité, ressentiment et défiance. Une question inattendue d’une habitante, un mois après les effondrements, nous bouscule cette année encore : « Hey les chrétiens, vous n’allez pas nous laisser tomber à Noël ? »
Alors ce soir, des chrétiens, associations, Églises protestantes et catholiques, répondent à l’interpellation et invitent à Fêter Noël Ensemble rue d’Aubagne. Un espace s’ouvre pour partager la joie de Noël dans l’inattendu de se savoir attendu, accueilli et reconnu autrement le temps d’un réveillon le 24 décembre.

Mélanie Landes Castagno, directrice de l’association Marhaban à Marseille

 

Des mots pour prier

En ce jour de Noël, tu es venu comme un cadeau dans ma vie, merci Seigneur !
Pourtant, dans mes journées bien organisées, ma vie bien rangée, j’oublie parfois de te laisser une place…
Parfois j’oublie de voir les autres, tous ces frères et ces sœurs que tu m’as donnés…
Seigneur, viens me bousculer, me déplacer, me pousser à sortir de ma « zone de confort » pour m’ouvrir au grand vent de la vie, de la rencontre, du partage !
Toi qui es venu non comme un roi de ce monde mais dans la fragilité d’un enfant nouveau-né, viens me rappeler de laisser une place à l’inattendu dans ma vie.
Amen