À partir d’une question d’actualité, la « boussole de la FEP » propose des pistes de réflexion pour nourrir le sens de nos actions et tenter d’éclairer le sens des événements que nous traversons.

La parole

Moi, Qohéleth, j’ai été roi sur Israël, à Jérusalem. J’ai eu à cœur de chercher et d’explorer par la sagesse tout ce qui se fait sous le ciel.

La Bible, livre de l’Ecclésiaste ch. 1, v. 12 et 13a

Chemin de réflexion

L’harmonie ne fait pas forcément le bonheur

Qohéleth cherche une rationalité au monde. La quête de la sagesse, à l’époque, consistait à comprendre et à chercher quelle était notre place dans le cosmos. Tous les êtres et les choses, disent les sages, ont un lieu et un rôle et participent ainsi à l’harmonie du monde. La science, aujourd’hui, c’est un peu comme la sagesse d’hier, elle tente d’expliquer le monde et ce que l’homme y fait et d’apporter au besoin des remèdes à sa désharmonie.
Pour Qohéleth, la connaissance de la sagesse permet d’appréhender les fatalités de la vie et d’éviter les désillusions. De la même façon, la science normalise le monde et ses interactions mais ne rend pas forcément l’homme heureux.
Comme Qohéleth, nous pourrions dire que nous devons faire confiance à la science dans sa rationalité mais ne pas oublier qu’au-delà il peut exister d’autres logiques qui la transcendent.
La Bible dit : « l’homme ne vivra pas de pain seulement », le pain est nécessaire à notre conservation mais le sens que nous lui donnons est tout autant nécessaire.

Brice Deymié, pasteur. Action chrétienne en Orient à Beyrouth

 

S’appliquer à chercher

Le sage du récit biblique dit « avoir à cœur » de chercher. D’autres traductions proposent « prendre soin d’étudier », ou « appliquer son cœur à chercher ». C’est un peu piégeant pour nous car nous n’employons plus le mot « cœur » avec la même portée symbolique qu’aux temps bibliques. À l’époque de l’écrivain, le cœur est le siège de la raison, de l’intelligence, pas des émotions ! Les émotions, pour lui, elles se situent dans les tripes !
En parlant du « cœur», il indique donc qu’il a mobilisé son intelligence, sa raison. La méfiance ou la confiance font plutôt appel à nos tripes. Prenons-en acte. Et recevons le témoignage de l’Écclésiaste comme une invitation à ne pas en rester là. Étudier, chercher, explorer… en quelque sorte être prêt à avoir plus de questions que de réponses. Et toujours questionner « ce qui se fait sous le ciel ».
Pourquoi ? Pour quoi ? Comment ? À quoi cela sert-il ? Peut-on faire autrement ? Et Dieu dans tout ça ? Le scientifique ou le croyant qui ne poserait jamais de question, qui ne pourrait pas se tromper, chercher encore et encore, ne pourrait pas avoir ma confiance.

Isabelle Bousquet, pasteure. Fondation John Bost

 

Accepter nos limites

La pandémie Covid-19 a révélé un aspect peu connu de la science, en dévoilant son décalage par rapport aux demandes des citoyens : pas de bonne réponse au bon moment, nécessité de temps, un avis donné un jour qui se révèle inexact le lendemain, désaccords entre scientifiques. Comment alors faire confiance ?
La science répond selon des faits établis et des preuves vérifiées. Cela donne du temps, temps parfois long mais indispensable. Et il y a une interprétation des résultats et des faits, nécessitant connaissances et expériences qui résultent d’un travail en équipe (et non d’avis solitaire pouvant abuser de la crédibilité des auditeurs).
Plutôt que de se méfier de la science, il conviendrait de prendre en considération ses limites, une réponse validée par plusieurs experts, les contraintes de temps, de moyens, l’évolution des connaissances. Et parfois elle peut aller vite et proposer un vaccin très rapidement, en ayant franchi toutes les étapes indispensables de validation d’un médicament et permettre ainsi de sortir de la crise.

Béatrice Birmelé, médecin et directrice de l’espace de réflexion éthique région Centre Val-de-Loire

 

Des mots pour prier

Seigneur, Comme l’enfant reçoit le pain, comme l’oiseau reçoit l’espace avec le grain ;
Comme l’ami reçoit l’ami, comme la nuit reçoit l’aurore et le soleil ;
Comme le sol reçoit la semence, comme la sève monte aux branches et porte fruits ;
Donne-nous, Seigneur, d’accueillir les paroles du sage comme une invitation à oser les questions, à nous appliquer à accueillir avec sérénité la complexité.
(D’après J. Servel. Fiche A/109/3. Ed. du levain)