À 72 ans, le père Philippe Demeestère n’a pas hésité à entamer une grève de la faim pour exprimer son indignation. Un couple de Calaisiens s’est associé à sa démarche. La mine fatiguée et les joues creusées, le prêtre jésuite assis près d’un lit installé dans l’ancienne chapelle mortuaire de l’église Saint-Pierre de Calais a fait part de sa détermination à franceinfo. “La grève de la faim vient redire à toutes les intelligences qui se sont ankylosées, assoupies, ce qui se passe en France, affirme-t-il. En 2021, dans une démocratie, c’est inacceptable. Il y a quelque chose qui rompt la fraternité humaine. Et en tant que citoyen français, j’ai honte.”

Le prêtre du Secours catholique avait déjà pensé à une telle action, mais c’est la mort d’un adolescent venu du Soudan, fin septembre, qui l’a décidé à manifester. Le trio demande l’application de la trêve hivernale aux exilés, “qu’ils puissent demeurer là où ils sont sans qu’on ne vienne les en chasser matin après matin”, précise le père Philippe Demeestère. Une période pendant laquelle il verrait d’un bon œil la fin de l’enlèvement, par les autorités, des effets personnels des migrants. “Des tentes qui sont prises, des sacs avec des téléphones, leurs papiers sont saisis”. Enfin, il réclame des réunions régulières entre les associations non mandatées par l’État et les représentants de l’État afin de dialoguer, ajoute franceinfo.

“Pas d’espace de discussion quand quelqu’un est en train de mourir de froid”

Vendredi 22 octobre, le préfet a annoncé des évolutions, parmi lesquelles la proposition d’un lieu de dépose plus accessible des effets personnels, “lesquels seront triés et séchés avant leur restitution aux migrants”, relaie 20 Minutes. “Des plages horaires plus adaptées seront instaurées, afin de répondre au mieux aux besoins de la population migrante”, a affirmé le représentant de l’État. Mais pas de quoi convaincre le trio d’arrêter sa grève de la faim. “Comme toutes les autres rencontres, c’est une rencontre de pure forme, il n’y a rien à en attendre, les décisions ne se prennent pas au niveau de la sous-préfecture, a déclaré à l’AFP, le père Philippe. Il n’y a pas d’espace de discussion quand quelqu’un est en train de mourir de froid, sous la pluie, n’a pas accès à la nourriture ou à autre chose.” Alors, le trio a appelé la population à un jeûne de solidarité et une pétition en ligne a recueilli plus de 25.000 signatures mardi 26 octobre.