La seconde partie de la table ronde animée par Stéphane Lavignotte poursuit la discussion autour des répercussions de la pandémie sur le monde du travail. Plus que jamais, la crise du Covid semble avoir mis l’accent sur des problématiques telles que la montée de l’individualisme au détriment du bien commun ou l’indigence de la formation managériale. Pour sortir de ces tendances et recréer du bien-être au travail, des changements paraissent nécessaires: une meilleure communication au sein des entreprises, un retour de l’engagement collectif, une remise en question des notions de pouvoir et d’autorité.

Stéphane Lavignotte: Gérard Lacour, du côté des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens, est-ce qu’il y a une réflexion spécifique, est-ce que la crise du Covid et ses suites a entrainé des discussions au sein des EDC sur ces questions-là, spécifiquement? Que peuvent les Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens, là où ils sont? Est-ce qu’il y a des échanges dans les milieux patronaux, aux EDC, pour répondre à ces difficultés, à ces défis qu’on a évoqués ensemble?

Gérard Lacour:  Que faire en effet? Les discussions à ce sujet sont nombreuses et infinies, avec un choix difficile quant à la bonne idée à rapporter parmi les nombreuses en gestation. Les EDC  s’appuient sur des principes de la pensée sociale chrétienne travaillés en équipe et en commissions à partir des sources bibliques et théologiques œcuméniques. Ils s’en inspirent pour essayer de les mettre en œuvre dans leur travail. Mais peut-être trop chacun de son côté.

Il y a cependant quelque chose qui m’a frappé, peut-être une piste à trouver dans les propos de Véronique Dubarry qui a expliqué qu’il y avait plus de contacts pendant la crise, plus de dialogue social entre les syndicats et les dirigeants. Je trouve cela intéressant et actionnable:  cela voudrait dire, si j’ai bien compris, que s’il y avait un meilleur partage de l’information, tout le monde partagerait mieux les mêmes idées. Il y a souvent des divisions dans les entreprises qui viennent du fait que l’information qui vient d’en haut est peut-être parfois considérée à but tactique. Elle est naturellement filtrée, et peut paraître suspecte. Et là, il y avait de la confiance, une information (disons) transparente et à risque. Il faut prendre le risque de dire les choses. C’est très important, cette vérité. On ne pourra jamais s’entendre et on ne pourra pas avancer si on n’a pas une lecture commune de la réalité mouvante. Cette lecture n’est donc pas fixe, elle ne peut pas produire des dogmes. Le monde du travail, ce sont sans arrêt des situations bonnes, pas bonnes… Il faut bien les lire, et ensemble. C’est le seul moyen pour inspirer la confiance dans une gouvernance qui sera forcément de plus en plus soumise aux nécessités de changer de cap, donner des coups de […]