À partir d’une question d’actualité, la « boussole de la FEP » propose des pistes de réflexion pour nourrir le sens de nos actions et tenter d’éclairer le sens des événements que nous traversons.

La parole

Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ.

La Bible, Galates, chapitre 3, verset 28

Chemin de réflexion

Un pari audacieux

Cette phrase de Paul est la plus percutante de toute la Bible ! L’apôtre est certainement un génie qui pense l’universel alors même qu’à son époque les classes, castes et dénominations diverses fondaient la société. Nos multiples identités ne seront jamais un obstacle à l’amour gratuit du Christ mais Paul va plus loin : pour lui, cet amour transcende toutes nos identités.
Les campagnes électorales successives dévoilent des politiques inquiétantes : elles voudraient nous convaincre que notre salut réside dans la défense absolue de nos particularismes et que l’organisation collective n’est finalement que la somme de nos individualités. Certains, par exemple, ne voudraient prendre de l’Europe que ce qui les arrange, se moquant d’une construction commune vieille de soixante-dix-sept ans. L’apôtre Paul a compris que le combat pour l’universel est exigeant et douloureux mais qu’il est un pari audacieux sur l’avenir car il offre une nouvelle identité à toutes les générations futures.

Brice Deymié, pasteur de l’Action chrétienne en Orient à Beyrouth

 

Universel et résolument solidaire

Je suis russe ou ukrainienne, cévenol ou parisien, bouddhiste ou athée, français « de souche » ou écossais émigré… Tout cela m’identifie-t-il ? Chaque appartenance me restreint de plus en plus, à un groupe puis un sous-groupe, un clan, une famille, jusqu’à ma singularité unique et irréductible ! Mais cette singularité, à qui renvoie-t-elle ? Ne suis-je pas alors réduit à moi-même, isolé, en définitive seul ? Sauf à me rappeler que je suis surtout un humain parmi d’autres, membre de l’écosystème naturel.
Et si ces appartenances larges étaient plus fondamentales pour que je sois sensible à ma dimension et ma responsabilité universelles ? Cette participation à l’universel me rend solidaire avec tous et avec chacun dans sa singularité. Paul veut très certainement dire : ne regarde pas à ton nombril mais rappelle-toi qu’il marque ton lien à tous en ce monde, à la vie donnée par Dieu. Ombilic qui institue une fraternité en Christ avec tous les autres.

Pascal Hubscher, pasteur, responsable aumônerie sanitaire et médico-sociale de l’Uepal

 

Se rejoindre d’abord soi-même

Dans un monde à bien des égards au bord de l’abîme, certains désespèrent, d’autres sont dans le déni, d’autres encore se noient dans l’abondance des images, des commentaires superficiels et péremptoires, et perdent le sens de la rencontre, de l’échange bienfaisant, du dialogue créateur. Dans ce temps bien particulier que nous traversons, la question se pose de la transmission de la Bonne Nouvelle pour les amis de Jésus-Christ.
Une Bonne Nouvelle qui offre une identité singulière à toute femme et tout homme, sans discrimination aucune. Sans doute devrions-nous un peu bousculer nos habitudes et renoncer à nos approches routinières pour chercher non pas à rejoindre l’autre mais plutôt à l’aider à se rejoindre lui-même. « Va vers toi ! » dit le Seigneur à Abram, pour l’inciter à se libérer de tout ce qui entrave sa marche. C’est ce mouvement vers soi que nous essayons de susciter à Villeméjane. Par-delà la présence discrète d’accueillants bénévoles, les lieux propices à l’échange ou à la méditation (une chapelle, un feu de bois…), nous espérons qu’une Parole circule et permette à tous ceux qui passent une nuit, une semaine, quelquefois un peu plus, de se retrouver eux-mêmes.

Jean-Pierre Rive, président de l’association Les amis de Villeméjane, lieu d’accueil gratuit dans les Cévennes

 

Des mots pour prier

Seigneur donne-nous de vivre comme des enfants de Dieu, unis dans une même foi en Celui qui nous donne notre nouvelle identité.
Aide-nous à mettre de côté nos différences pour voir dans l’autre un frère et une sœur, pour que le monde ne se déchire plus sur la base de vérités humaines et provisoires.
Tu es l’unique vérité et sur cette vérité nous voulons construire notre vie.
Inspire à tous nos dirigeants la sagesse de reconnaître ton universel principe, lui seul peut conduire à la paix des nations.
Que ta parole transcende nos particularismes égoïstes et fasse de nous des citoyens du monde.