D’abord, il y a le manque de représentativité. “De façon générale, je ne me suis jamais sentie représentée dans la culture française”, relate une jeune femme d’origine chinoise auprès de Libération, qui a recueilli les témoignages de plusieurs femmes asiatiques. En découle ensuite un manque de subtilité de l’image que la société française se fait d’elles, perpétuant ainsi des stéréotypes bien ancrés, écrit le quotidien. 

Linh-Lan Dao, journaliste, raconte comment, adolescente, on la comparait par exemple à Marjolaine, de l’émission de téléréalité “Marjolaine et les millionnaires” (2004), à l’actrice principale dans les films “Tigre et Dragon” (2000) ou à “Mulan” (1998). Les deux dernières références étant des exemples “plutôt satisfaisants de femmes asiatiques fortes”, dit-elle, “mais on restait quand même dans le cliché de l’experte en arts martiaux”. En plus de l’absence de représentativité, les femmes asiatiques doivent également faire face à la double peine du racisme et du sexisme, décrypte l’écrivaine Grace Ly, qui estime qu’elles sont soit “hypersexualisées”, soit “décrites comme dociles”. 

Racisme banalisé et latent

Et les amalgames ont, hélas, été remis sur le devant de la scène avec la pandémie de Covid-19. Celle-ci a en effet réactivé des stéréotypes infondés qui, plus généralement, essentialisent toute personne d’origine asiatique à de douteuses habitudes culinaires ou à certaines fourberies. Ainsi, les violences verbales se sont parfois accompagnées d’agressions physiques à l’encontre des personnes perçues comme chinoises et, plus globalement, asiatiques. Surtout à la veille des deux premiers confinements. “C’est comme si le Covid avait soudainement permis l’expression éhontée du racisme anti-asiatique”, analyse encore auprès de Libération une femme d’origine asiatique ayant subi une violente agression physique. 

Avant le Covid-19, le racisme anti-asiatique était surtout perceptible à travers de basses boutades ou des commentaires dégradants. Comme des “Ni Hao” (“Bonjour” en chinois) à tout-va ou des remontrances à n’importe quel asiatique lui demandant de ne pas manger de chien, entre autres. Et ce genre de racisme s’est banalisé : il est resté latent pour s’exacerber avec la pandémie. Face à ces discriminations, les femmes asiatiques interrogées par Libération n’hésitent pas à mettre en avant leur parcours. Pour la cheffe Céline Pham, c’est à travers la cuisine qu’elle rend hommage à ses origines, explique-t-elle. Pour Mai Hua, c’est évidemment à travers ses films, et particulièrement son enquête-documentaire “Les Rivières” (2020), que la réalisatrice se plonge au cœur d’une mémoire familiale entre le Vietnam et la France.