Par Véronique Mégnin – Directrice de la Frat’Aire Fraternité Mission Populaire Aire urbaine de Belfort / Montébéliard.

Quand une vie bascule à cause de traditions dégradantes, de la pression imposée par des hommes politiques véreux en affaire avec des organisations mafieuses ; quand les dégâts causés par la guerre, la famine ou les conditions de survie inhumaines ont ravagé famille et quotidien ; quand vous êtes en danger à cause de votre religion, des vos opinions politiques, de votre appartenance ethnique ; quelle issue reste t-il à part la fuite ?

Alors après des jours, des mois ou des années de fuite, ceux qui parviennent enfin à franchir les frontières pour demander l’asile au « pays des droits de l’homme et du citoyen », pensent être enfin en sécurité et pouvoir recommencer à vivre dignement. C’est pourtant là que l’enfer recommence, avec l’attente d’un droit, d’un récépissé, d’un jugement d’appel qui autorise enfin à résider, travailler et exister. Il est de plus en plus difficile d’accéder à ce droit dans notre pays, puisque dans 7 cas sur 10 votre demande est rejetée et que tombe l’OQTF (Obligation de quitter le territoire français), avec son cortège de précarité et de peur au quotidien.

Quelques déboutés du droit d’asile sont reconduits à la frontière, d’autres renvoyés dans le pays d’Europe dans lequel ils ont été enregistrés (selon les accords de Dublin), peu acceptent d’être aidés pour retourner au pays. Environ 90% des déboutés n’ont d’autre choix que d’entrer dans la clandestinité et chaque jour devient à nouveau un combat pour survivre. Pourtant face à des femmes, des hommes et des enfants vivant dans ces situations de précarité extrême, notre devoir de citoyen responsable, de chrétien engagé dans la lutte contre les inégalités, n’est-il pas de rechercher des solutions pour permettre à tous d’accéder à une vie décente. Lorsque les lois font que ceux qui aident une personne sans papier sont condamnables (l’article L622-1 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile) et lorsque le discours de certains leaders politiques à l’encontre des réfugiés devient insupportable pour les femmes et les hommes libres que nous sommes, notre devoir n’est t-il pas la désobéissance civique ?

Dans l’histoire du « Pays des droits de l’homme », des femmes et des hommes « justes » se sont opposés, ont désobéi à des lois dégradantes, souvent au risque de leur propre vie pour protéger ceux qui étaient traqués en raison de leur religion ou de leurs opinions. En espérant seulement de ne pas en être à nouveau là, rappelons que nos Fraternités et Foyers de la Miss pop sont des associations d’éducation populaire ouvertes à tous, quelques soient les appartenances politiques, religieuses, philosophiques. Quelque soit la situation des personnes (avec ou sans papier), quelque soit la cause de leur exil (nous n’avons pas à évaluer la légitimité de la demande d’asile), quand des femmes, des hommes et des enfants se présentent à nous dans le dénuement le plus total, nos Frat’s les accueillent, leur portent assistance, au nom de l’objet de nos associations loi 1901, des convictions défendues par la Mission Populaire et en s’appuyant aussi sur la loi en évoquant l’Article 223-6 du code pénal : « …cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende pour quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en péril l’assistance… »