Le weekend a été marqué par le second tour des élections législatives, qui s’est tenu ce dimanche 19 juin. Et c’est un véritable coup dur pour le camp présidentiel qui n’obtient pas de majorité absolue à l’Assemblée nationale (245 sièges). Symbole de cet échec : plusieurs figures de la Macronie ont perdu dans leur circonscription et certains ministres sont contraints de démissionner. La Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) devient ainsi la première force d’opposition avec 131 sièges, suivie du Rassemblement national (RN) qui réalise une percée historique et obtient 89 sièges à l’Assemblée nationale, selon les chiffres définitifs fournis par le ministère de l’Intérieur. La droite, quant à elle, a perdu bon nombre de sièges lors d’un scrutin boudé par les Français, le taux d’abstention s’élevant à 53,77%.
L’échec du camp d’Emmanuel Macron
Il s’agit de la plus petite majorité de la Ve République pour un président tout juste élu, note La Croix. Dimanche 19 juin, à l’issue du second tour des élections législatives, la coalition Ensemble ! (LREM, MoDem, Horizons) du camp macroniste est arrivée en première position, avec 245 députés, d’après les résultats définitifs. Mais elle est loin des 289 sièges nécessaires pour obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale. “Jamais l’Assemblée nationale n’a connu une telle configuration sous la Ve République. Cette situation constitue un risque pour notre pays au vu des défis que nous avons à affronter”, a déclaré Elisabeth Borne, la Première ministre, depuis Matignon. Et d’ajouter : “En tant que force centrale, nous devons assumer une responsabilité particulière. Nous travaillerons dès demain à construire une majorité d’action. Il n’y a pas d’alternative à ce rassemblement pour garantir la stabilité et conduire les réformes nécessaires. Les sensibilités multiples devront être associées et les bons compromis bâtis afin d’agir au service de la France.”
Plusieurs figures de la majorité présidentielles battues
La majorité présidentielle a été victime d’un vote sanction, analysent Les Échos. Et plusieurs figures du camp macroniste illustrent l’échec d’Emmanuel Macron. D’abord, le président sortant de l’Assemblée nationale et poids lourd de la majorité, Richard Ferrand, a été battu dans le Finistère. Christophe Castaner, le patron des députés La République en marche (LREM) et ancien ministre de l’Intérieur, s’est incliné face à l’Insoumis Néo Walter dans sa circonscription de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence). Patrick Mignola, le chef de file des députés Mouvement démocrate (MoDem), a lui aussi été vaincu à Chambéry (Savoie). Par ailleurs, quinze ministres jouaient leur poste au gouvernement, une défaite entraînant une démission. Amélie de Montchalin, tout juste nommée ministre de la Transition écologique, a été battue dans l’Essonne face à Jérôme Guedj, du PS, affilié à la Nupes. Idem pour Brigitte Bourguignon, ministre de la Santé, défaite dans le Pas-de-Calais face au RN. Enfin, Justine Benin, secrétaire d’État chargée de la Mer, a été battue dans la 2e circonscription de Guadeloupe par Christian Baptiste, soutenu par la Nupes.
La Nupes, première force d’opposition
Forte de ses 131 sièges de députés, la Nupes est ainsi devenue la première force d’opposition à l’Assemblée nationale, rapporte France 24. L’alliance de la gauche (LFI, PS, EELV, PCF) prive donc Emmanuel Macron de majorité absolue. “La déroute du parti présidentiel est totale. Nous avons réussi l’objectif politique que nous nous étions donnés en moins d’un mois : faire tomber celui qui, avec autant d’arrogance, avait tordu le bras à tout le pays”, a déclaré le chef de file de l’alliance de la gauche, Jean-Luc Mélenchon, dans un discours retransmis par les médias. “Nous sommes la deuxième force mais ce n’est pas suffisant, nous avions espéré mieux mais c’est un résultat encourageant”, a estimé, pour sa part, le premier secrétaire du PS Olivier Faure, lui-même réélu en Seine-et-Marne, cité par Le Point.
Le score historique du RN et la droite fragilisée
Avec 89 députés, lors de ce second tour des élections législatives, le RN réalise une percée historique, relate France Info. “Le peuple a décidé d’envoyer un très puissant groupe parlementaire de députés RN à l’Assemblée, qui devient ainsi un peu plus nationale”, a insisté la finaliste de l’élection présidentielle Marine Le Pen (qui a obtenu en avril 41,45% des suffrages), également réélue dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais. Pour rappel, huit députés du Front national avaient été élus en 2017. Lors de ce scrutin, le RN avait aussi refusé tout alliance avec Reconquête !, le parti d’extrême droite d’Éric Zemmour. À droite, c’est, en revanche, un petit coup de massue : l’alliance LR-UDI-DVD n’obtient que 64 députés et perd une soixantaine de sièges à l’Assemblée. En 2017, 126 députés de la droite avaient été élus pour siéger dans l’Hémicycle. Mais comme l’indique France Info, elle pourrait jouer un rôle crucial lorsque la majorité présidentielle aura besoin de renfort. Reste que le président du parti Les Républicains (LR), Christian Jacob, a averti : “Nous avons fait campagne dans l’opposition, nous sommes dans l’opposition, nous resterons dans l’opposition.”
Un fort taux d’abstention
Au total, lors du deuxième tour des élections législatives, écrit Le Parisien, 53,77% des électeurs ont boudé les urnes. C’est un niveau certes élevé, mais pas un record. En effet, 57,36% des électeurs ne s’étaient pas déplacés au second tour du même scrutin en 2017. Au premier tour, le taux d’abstention était de 52,49% des suffrages. Sans compter les Français de l’étranger, c’est dans la 4e circonscription de Guadeloupe que l’on recense le plus fort taux d’abstention, lequel s’élève à 81,69%. Ici donc, plus de 8 Français sur dix n’ont pas voté.