Le 10 mars dernier, Benoît Ducos, bénévole dans une association, réalisait une maraude dans les Hautes-Alpes, à la frontière franco-italienne, pour aider les migrants en détresse. Ce soir-là il a rencontré un groupe de six personnes, totalement frigorifiées et dont l’une des femmes était enceinte de huit mois et demi.

Ayant pris la décision de l’emmener à l’hôpital, il est arrêté par des douaniers avec qui il va devoir négocier plus d’une heure pour qu’ils acceptent qu’il la conduise à la maternité de Briançon où elle accouche quelques heures après d’un petit Daniel. Mais le mercredi 14 mars, Benoît Ducos, est convoqué par la police aux frontières. Il doit s’expliquer sur les circonstances qui lui ont valu d’être interpellé dans la nuit de samedi au dimanche 11 mars. Son délit : avoir embarqué dans son véhicule une famille de quatre personnes sans papiers, dont deux enfants de 2 et 4 ans ainsi qu’une femme enceinte de huit mois et demi prise de contractions, pour les emmener à l’hôpital de Briançon ! Il risque 5 ans de prison !

Ce même 14 mars, Malik Nurulain, qui préférait qu’on l’appelle Nour, est retrouvé noyé dans la Seine à Paris. Il avait 17 ans. Victime de tortures, il avait fui le Pakistan à l’âge de 15 ans. Comme plusieurs autres mineurs étrangers isolés, il a préféré la mort à la situation qui lui était réservée dans « le pays des droits de l’homme ». Le système actuel de prise en charge de ces jeunes est totalement inadapté. Il est inadmissible qu’un mineur qui relève de la protection de l’enfance comme Nour (dont on connaissait, de surcroît, la vulnérabilité), reste seul dans un hôtel sans l’accompagnement régulier de professionnels.

« Celui qui accepte le mal sans lutter contre lui coopère avec lui. Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants, c’est l’indifférence des bons » écrivait Martin Luther KING dont nous rappelons, ce 4 avril 2018, les 50 ans de sa mort.

La « question migratoire » n’est pas une simple question de géopolitique, ni un savant dosage pour calculer « la part de misère que nous pourrions accueillir ». Ces sont des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes sans famille qui arrivent au bout d’un interminable parcours de survie et demandent secours, repos, accueil. Un peu d’humanité.

Le dossier de ce mois veut relayer diverses initiatives citoyennes et associatives qui, à travers leurs actions caritatives, mènent une réflexion et prennent des positions politiques bien nécessaires pour s’opposer aux orientations intolérables proposées par le gouvernement actuel.

Le Comité National de la Mission populaire a diffusé un communiqué faisant part de son inquiétude et de son indignation car, comme l’écrivait encore Martin Luther King, « à la fin, nous nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais des silences de nos amis » !

Philippe Verseils