Sur le quai de la gare de Thoune, le ballet des pendulaires est à son apogée. On distingue à peine les quelques bérets rouges et blousons kaki qui sortent des rangs. Direction Uttigenstrasse 19. L’imposante bâtisse qui abrite, entre autres, les sièges de l’aumônerie et du service psycho-pédagogique de l’armée suisse a vue sur l’Aar. Sur le perron, deux hommes. L’un en chemise à manches courtes, l’autre en pantalon jaune. C’est le printemps, même à l’armée.

Le chef de l’aumônerie de l’armée suisse, Stefan Junger et son adjoint, Noël Pedreira, nous attendent de pied ferme, le sourire aux lèvres. «Vous ne pourrez pas dire qu’à l’armée nous ne travaillons pas après 17h», plaisante le chef, dont l’accent alémanique ne laisse aucun doute sur ses origines. Le ton est donné. Les deux capitaines affectionnent l’humour et brisent nos a priori sur l’institution militaire. Nous apprenons que l’uniforme n’est de mise qu’au contact des militaires.

A la suite des deux gradés, nous gravissons les étages jusqu’à leur bureau. Un tank miniature sous verre nous rappelle que, derrière les sourires, la défense du pays reste une a aire de vie et de mort. Noël Pedreira enfile un vêtement kaki, séance photo oblige. C’est en uniforme que ce Jurassien catholique, ancien agent pastoral, engagé à 90 % par l’armée, nous explique la mission des théologiens en tenue de camouflage. […]