Dans cette conférence donnée à l’IPT Montpellier le 17 octobre 2019, le président de la Fédération protestante de France analyse les évolutions récentes de la laïcité en France et remarque que si «le protestantisme plaide encore et toujours pour une laïcité décrispée», il refuse que le futur modèle de relation entre les religions et l’État soit «celui de l’exclusion, (…) ou de l’exculturation des religions et des cultes», «un vague lien, une référence presque effacée dans la mémoire oublieuse d’une République entrée de plain pied dans l’ultra-modernité».
La laïcité est ce principe qui autorise l’expression de la conviction religieuse et de toutes les formes de spiritualités – croyances en Dieu ou non – au sein de la société. Elle est ce qui permet, puisque la République est laïque, que chaque citoyen puisse dans ce cadre vivre sa foi, ses rites et ses croyances. La République est laïque (Constitutions de 1946 et 1958) et la loi de 1905, qui est l’un des marqueurs de cette réalité, organise les conditions du culte public dans le pays (1).
Le contexte
Pour commencer ce propos, je ferai tout d’abord brièvement mention du contexte le plus proche et le plus récent, et du contexte européen:
– La rédaction, que je viens de terminer, d’un communiqué de la FPF destiné à être diffusé dans les médias en réponse aux propos de la ministre, Madame Rossignol, qui, évoquant les méfaits de l’islamisme, faisait dans sa déclaration un amalgame inadmissible avec l’évangélisme et les évangéliques.
– La situation même de ce cours à Montpellier où le protestantisme se comprend, à juste titre pour une part, comme de tradition réformée, et qui me donne l’occasion de rappeler que le premier président de la FPF était Monsieur Grüner, membre laïc de l’Église évangélique libre. Il est à cet égard opportun de garder en mémoire cette diversité programmatique du protestantisme français et surtout la part active et décisive que les Églises évangéliques ont joué dans le processus fédératif de la fin du 19e et du début du 20e siècle.
– L’appel tout récent lancé par l’Église protestante d’Algérie qui connaît en ce moment, comme cela a déjà été le cas auparavant, de réels conflits dans ses relations avec l’administration et les autorités du pays. De même que les actions que la FPF mène ces jours-ci pour avancer sur ce sujet.
– L’appel aux Églises du président du Synode arabe, le pasteur Kassab, au sujet de la situation dramatique des chrétiens de Syrie, appel que nous relayons afin de faire entendre la voix de ces Églises qui ne vivent plus en sécurité ni ne connaissent de certitude quant à leur avenir.
– Le regard porté ces derniers temps par les chrétiens et certains responsables politiques des pays européens sur la laïcité française, qui est perçue comme une singularité et non comme un modèle, comme une version plus contraignante que libérale des rapports entre les […]