« Puisque c’est le début du printemps », publier « un texte par jour jusqu’au début de l’été » avec l’aide d’un « contingent » de poètes. Une manière de « résister en continuant à être ce qu’on était, et à faire non pas ce qui anesthésie la conscience mais ce que nous construisons au jour le jour ».

Mardi 17 mars. Le confinement est décrété. Cela ne bouleverse pas complètement un état d’esprit. On le voyait venir depuis quelques jours. Mais le sentiment est partagé, jusque-là nous étaient surtout parvenues des images encore assez légères de la situation : seulement 2 % de morts du coronavirus. Il suffit de ne pas en faire partie, n’est-ce-pas ? Peut-être pas insurmontable, en somme. Il suffit de ne pas être trop nonagénaire. Mais tout de même, ne plus voir la mer que d’un peu loin, par la fenêtre, crée une impression d’irréalité de la vie vaguement déstabilisante.

Mercredi 18 mars. Qu’est-ce que j’ai fait, ce jour-là ? À la fois beaucoup de choses et rien. Un Rien à la puissance R. J’ai entrepris de ranger l’appartement, ce qui va certainement occuper toute la quarantaine. Et puis j’ai tricoté de la laine des Cévennes jaune d’or. Elle me caresse les mains et me vide la tête. Elle amortit encore cette apathie de surface dont je ne mesure même pas […]