Propos recueillis par Véronique Mégnin

Martine, tu es retraitée depuis le 1er décembre 2018 et « Gilet Jaune » depuis l’occupation des ronds-points du 17 novembre. Qu’est-ce qui t’a conduit à t’engager dans ce mouvement ?

Après une vie de travail et quelques années en invalidité, c’est le ras le bol de l’inégalité et du décalage de plus en plus important entre classes dirigeantes, politiques, monde de la finance et le peuple qui m’ont poussée à y aller.

Que penses-tu lorsque que l’on dit que les GJ sont récupérés par les extrêmes de droite ou de gauche ?

Dans les gilets jaunes, il y a toutes les opinions, mais le mouvement est sans appartenance à quelque parti que ce soit et ceux qui ont tenté de le faire se font vite remettre en place.

Qui sont les GJ ?

Les GJ sont surtout des femmes et des hommes qui en ont ras le bol de subir injustices, inégalités et qui n’ont plus confiance dans le monde politique et encore moins celui de la finance éloignés du quotidien du peuple qui, lui, se sent méprisé.

Penses-tu que le grand débat va permettre de faire émerger des solutions ?

Non ! Pas vraiment, parce-qu’au sommet de l’État, comment seront écoutées et comprises les attentes de ceux qui sont trop souvent méprisés ? Comment être entendu et considéré alors qu’il n’y a pas de porte-parole du mouvement ? Les GJ, au début, c’était plus l’expression du ras le bol que des revendications claires, mais depuis les GJ s’organisent et aujourd’hui il y a des groupes, des compétences, des chartes, des revendications et des porte-paroles.

Quelles sont les revendications du groupe auquel tu participes ?

Le RIC, l’augmentation du pouvoir d’achat, la citoyenneté équitable, la justice sociale et fiscale, la moralisation politique, la renationalisation des services publics et la préservation de la planète.

Que dire des violences pendant les manifestations ?

Le mouvement GJ est non violent. Il dénonce les violences policières autant que celles perpétrées par les casseurs. Mais le « flicage et le fichage » des GJ met la pression et attise aussi la colère. J’ai vu un slogan GJ qui dit « liberté égalité fraternité : la fraternité on l’a retrouvée, reste à gagner la liberté et l’égalité ».
Oui la fraternité est bien réelle dans le mouvement. Parmi les GJ il y a des personnes isolées, des travailleurs précaires et des chômeurs, beaucoup de femmes et des retraités mais pas que, les GJ ce sont toutes les classes sociales qui se mélangent et qui découvrent parfois la galère au quotidien de l’autre.

Martine évoque aussi que grâce aux rassemblements dans les ronds-points, aux manifestations, aux réunions, les GJ ont trouvé une vraie fraternité, une solidarité, un espace d’échange et de partage où chacun prend conscience des enjeux et du rôle qu’eux, les oubliés, les ignorés des décideurs, peuvent reconquérir. Elle me dit aussi que beaucoup n’avaient jamais manifesté voire jamais voté, pas parce qu’ils ne s’intéressaient pas à la politique mais parce qu’ils pensaient que de toute façon on ne faisait pas cas ni de leur expériences ni de leurs idées. Maintenant il faudra faire avec parce que « le petit peuple » des GJ ne veut rien lâcher, il n’a plus rien à perdre, juste à reconquérir la liberté et l’égalité ou plutôt comme le dit leur charte la solidarité, l’équité et la fraternité.