L’hospitalité est-elle une obligation ou une qualité ? Est-elle sociale ou purement personnelle ? C’est autour de ces questions qu’une journée organisée par la délégation régionale Sud-Ouest de la Fédération s’est déroulée à Albi le 25 juin dernier.
Présentant la journée, le pasteur Jean-Pierre Nizet, pasteur de l’ÉPUdF en Albigeois, a donné une définition de l’hospitalité, s’appuyant sur l’étymologie du mot : un accueil gratuit du voyageur. Il a rappelé qu’au 16e siècle elle est considérée comme un droit réciproque « qui aujourd’hui doit donner à l’accueil des réfugiés une dimension politique. Rester dans le compassionnel ne suffit pas. Nous n’avons pas à fermer la porte mais à accueillir le plus dignement possible les réfugiés. Ils ont une culture qui peut enrichir la société d’accueil, nous avons la responsabilité d’afficher nos principes de laïcité, de liberté et d’égalité notamment entre les hommes et les femmes… Cela est possible si des gestes de fraternité sont posés ».
Exilés, accueillir avant tout
Après un panorama sur l’accueil des réfugiés, au point de vue moral, humain et juridique, Pierre Grenier, délégué régional de la Cimade, a rappelé que la Convention de Genève (1951) garantissait la protection à toute personne fuyant des persécutions. La convention engage les États qui l’ont ratifiée à accueillir ces personnes. Pierre Grenier rappelle que les personnes qui arrivent en Europe sont une infime partie de celles qui fuient, et qu’elles ont eu un parcours particulièrement long après avoir quitté leurs pays. Or, rien n’est fait pour les aider à fuir, « il vaudrait mieux alors parler non de crise des migrations mais de crise des politiques européennes en matière de migration. Évidemment, l’accueil n’est pas simple, à cause des peurs mutuelles qu’il est difficile de combattre ». La mise en place d’actions concrètes d’accueil par des collectivités, des associations, des personnes, constitue une véritable « déflagration » qui ébranle le discours de base : « la France est riche, riche des valeurs que portent les gens qui y vivent ». Le nombre de personnes qui se sont spontanément proposées pour offrir des modes alternatifs d’accueil en témoigne.
L’interprète : « passeur de mot, relayeur de sens, informateur culturel »
Michelle Guicharnaud, psychologue clinicienne et linguiste, psychothérapeute à l’Association Mana, souligne la spécificité d’une consultation transculturelle : « sans interprète pendant la consultation, comment peut-on accueillir des paroles de souffrances ? ». L’interprète reçoit les souffrances traumatiques des patients. Le patient rencontré dans cette consultation ne parle pas français et ses modes d’expression de la souffrance sont culturellement codés. Et l’intervenante d’illustrer ce constat par l’exemple de l’interprétation d’un rêve fait par un réfugié tchétchène. L’interprète est ainsi un « passeur de mot, un relayeur de sens, un informateur culturel ». Il ne s’agit pas pour lui de s’en tenir à une simple traduction. Dans « étranger, on entend étrange et étrangeté »et « dans l’étrangeté, on entend la bizarrerie, et on peut très vite aller du côté de la folie ». Il faut, pour le professionnel, avant de poser un diagnostic, éviter d’associer des pratiques culturelles différentes à de la pathologie psychique.