Rejeter «le courant des catastrophistes et autres collapsologues» car ils ne seraient que des «pessimistes contrariant une vision optimiste de l’avenir», c’est oublier qu’ils ne font que mettre à jour la «théorie scientifique de l’effondrement» modélisée depuis déjà longtemps. Un effondrement qui n’est pas annoncé pour décourager mais dans «l’objectif d’un changement de modèle industriel et socio-économique».  Pour Roger-Michel Bory et Vincent Wahl, «il serait dommage» que les chrétiens passent à côté de cette «exigence de lucidité».

Dans son interview parue dans Foi&Vie (puis sur Forum protestant) sur Mort et vie de l’écologie au sein du protestantisme français, Jean-Sébastien Ingrand conclut à juste titre que les chrétiens sont placés de manière aigüe devant les questions de la peur et des priorités dans la crise écologique que nous traversons.

Pour beaucoup d’auteurs, la peur serait entretenue par le courant des catastrophistes et autres collapsologues qui en feraient leur fond de commerce. Les stigmatiser en les taxant de pessimistes contrariant une vision optimiste de l’avenir fondée sur la capacité de résilience de la société humaine est tentant mais certainement caricatural.

Considérer la collapsologie comme un concept conjoncturel lié à la crise écologique, c’est oublier qu’elle n’est que la traduction actuelle de la théorie scientifique de l’effondrement qui date de plus d’un siècle et qui mérite que l’on y porte attention. L’effondrement annoncé d’une civilisation occidentale expansionniste, mondialisée, fondée sur une croissance exponentielle était annoncé avec l’objectif d’un changement de modèle industriel et socio-économique. Mais lorsqu’il était encore possible d’infléchir la […]