Dans le contexte militaire, la tendance naturelle serait de s’en remettre à un ensemble de règles et de codes de conduite. Il serait pratique, à l’image du changement de statut du citoyen devenant soldat de milice, de laisser ses habitudes critiques au vestiaire. La vie en caserne encourage ce réflexe par l’abondance de règlements.

Le respect des règles

Tout a été pensé d’avance. Les journées s’enchaînent et les procédures s’alignent : marcher, saluer, nettoyer, courir, tirer, manger, porter un obus, tout cela sous la pression d’un horaire stricte et d’un règlement plus rigide encore. L’engourdissement de la conscience s’opère d’autant plus facilement que le projet global de l’armée a une finalité potentiellement destructrice, et forcément moralement ambivalente. Il s’agit de protéger le pays, certes, mais une arme reste une arme, et l’existence même de l’armée rappelle le soldat à ce que la condition humaine peut avoir de plus […]