Pour ces personnes aux situations très diverses, le chemin de l’indépendance s’avère complexe.

Qui sont les femmes qui se tournent vers Softways ?

Aurore Bui : Nous travaillons avec des femmes migrantes qualifiées. Souvent, en raison des barrières à l’emploi, après deux ans en Suisse sans réussir à décrocher un poste, elles se tournent vers l’entrepreneuriat. C’est pour elles un plan B. Ce qui ne signifie pas qu’elles ne sont pas de « vraies entrepreneures ». Simplement, elles sont dépourvues des atouts classiques nécessaires à ce métier : un réseau et un certain niveau de confiance en elles.

Pourquoi la migration affecte-t-elle la confiance en soi ?

Ce sont des personnes qui ne sont pas reconnues. Les difficultés pour obtenir l’équivalence d’un diplôme provoquent une perte de confiance en soi. Une spirale négative se met alors en place. Et ces difficultés sont phénoménales pour des professions extrêmement qualifiées, par exemple avocat ou médecin. Parmi ces derniers, certains se sont retrouvés aides-soignants pour ne pas devoir refaire tout leur cursus de formation… De même, si on vous répète douze fois que votre profil n’est « pas adapté au poste », vous finissez par douter de vous. D’une manière générale, la migration est un moment de rupture : on quitte un confort, on se retrouve sans terreau familial, face à la solitude, contrainte d’apprendre les codes d’une autre  […]